Le 30 mai 2018, la Knesset (Parlement israélien) allait examiner la question de la reconnaissance du génocide des Arméniens.
Cependant, le rapporteur de la proposition Yuli-Yoel Edelstein n’avait pas inscrit cette question à l’ordre du jour arguant du fait que le vote des parlementaires ne rassemblerait pas une majorité suffisante pour son adoption.
Si malheureusement la crainte de ce rapporteur correspond à la réalité, il est douloureux d’admettre que des députés israéliens porteurs de la mémoire de la Shoah puissent ignorer l’existence du génocide des Arméniens.
La civilisation arménienne perdure depuis des millénaires. Cependant, durant des années, le peuple arménien a dû faire face à des attaques constantes bien qu’il fut toujours considéré comme une « nation fidèle » rendant d’immenses services aux autres pays ce qu’attestent de nombreuses archives historiques.
Le 24 avril 1915, à Constantinople, le gouvernement turc a minutieusement préparé la déportation et le massacre de plusieurs centaines d’intellectuels et de notables arméniens puis a poursuivi son action dévastatrice en Arménie occidentale en exterminant 1,5 millions d’hommes, de femmes et d’enfants.
Si le crime de génocide perpétré contre les Arméniens en 1915 avait été condamné de façon exemplaire par la justice internationale, jamais le peuple juif aurait été victime de l’extermination nazie lors de la seconde guerre mondiale.
Le 22 octobre 1939, Hitler n’aurait-il pas dit devant ses officiers : « Qui donc se souvient encore du massacre des Arméniens ? »
En 1944, la notion de génocide fut créée par le juriste juif polonais Raphaël Lemkin, en prenant pour exemple le génocide des Arméniens.
La question de la reconnaissance du génocide des Arméniens a souvent été la source d’un odieux marchandage dans les relations interétatiques avec la Turquie. Malheureusement, force est de constater que les nations dites civilisées recourent systématiquement à ce stratagème pour bénéficier de contrats juteux.
Le Génocide est la douleur lancinante du peuple arménien dont il souffre depuis plus d’un siècle. La non-reconnaissance et la négation du génocide des Arméniens exaspèrent et répugnent les jeunes arméniens descendants des rescapés du génocide. Certains esprits ignorants plongés dans les ténèbres devraient s’éclairer grâce aux témoignages des rescapés du génocide et des documents transmis par les chercheurs et les historiens internationaux.
L’Arménien doit faire preuve de patience dans un esprit unitaire pour déjouer les pièges tendus par ses adversaires.
Nersès Durman-Arabyan
Paris le 31 mai 2018