Transfert des cendres de Missak Manouchian au Panthéon

L’association MAFP dont les deux présidents d’Honneur furent Arsène Tchakarian et Henry Karayan, derniers survivants du Groupe Manouchian, se déclare satisfaite du transfert des cendres de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon qu’elle réclamait depuis 2014.

Tout d’abord, par cet acte fort, la France peut se flatter d’honorer deux personnalités qui, bien qu’apatrides, se sont battues pour la France et la Liberté. Ensuite, parce rescapés d’un Génocide dont la négation par certains, encore aujourd’hui, assassine une nouvelle fois la mémoire d’un peuple martyrisé.

S’il fallait rappeler une seule action du Groupe Manouchian, ce serait l’assassinat du responsable du STO en France, le colonel S.S. Julius Ritter ; il semblerait que sa mission secrète fut de déporter vers l’Allemagne des chimistes et physiciens français dans le but de développer une arme nucléaire. Si les conclusions de l’historien et résistant Arsène Tchakarian sont exactes, les conséquences de cet attentat furent bien plus importantes encore que celles escomptées. Rappelons d’ailleurs qu’un deuil national de trois jours en mémoire de ce dignitaire nazi fut décrété en Allemagne par Hitler.

Enfin, l’actualité ne pouvant être occultée, le combat de Manouchian pour la Liberté doit faire écho avec la situation dramatique de l’Artsakh et de l’Arménie, soumis au joug de l’Azerbaïdjan et de la Turquie.

MAFP
18 Juin 2023

Hommage aux membres du Groupe Manouchian

En ce 21 février, rendons hommage aux membres du Groupe Manouchian qui furent exécutés par les nazis au Mont Valérien, en 1944 après un simulacre de procès. Les 22 hommes furent fusillés alors que la seule femme de ce groupe de résistants Olga Bancic fut décapitée quelques mois plus tard en Allemagne.

Missak Manouchian

Aujourd’hui à cause de la crise sanitaire et de l’interdiction de se réunir dans les lieux publics, la traditionnelle commémoration au cimetière d’Ivry en leur mémoire aura lieu en comité restreint. Cependant n’oublions jamais ceux qui sont morts pour que vive la France et pour que ses valeurs démocratiques soient restaurées.

Souvenons-nous de Missak Manouchian, Missak l’Arménien, l’orphelin et rescapé du Génocide des Arméniens, le poète, le combattant qui débarqua en France en 1924 en espérant construire une nouvelle vie sur cette terre d’accueil, ce pays des Droits de l’Homme qui ne pouvait être que l’eldorado rêvé.

Malheureusement en 1940, la défaite de la France et l’occupation nazie allaient transformer le rêve en cauchemar. Luttant contre sa propre nature, pacifiste et romantique, Missak dut se métamorphoser en un combattant et prendre les armes pour rendre à la France sa Liberté et sa République. Il allait devenir un Héros de la Résistance avec ses camarades des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisan- Main d’Œuvre Immigrée). Arrêtés en 1943, les membres du Groupe Manouchian allaient être stigmatisés par de grandes affiches de propagande nazie non pas comme des combattants de la Liberté mais comme des terroristes étrangers.

Ces affiches rouges que les nazis devaient placarder sur les murs de Paris pour fustiger la Résistance en la dénonçant comme une armée du crime menée par des étrangers eurent un effet inverse sur la population française. Certaines de ces affiches furent lacérées, alors que sur d’autres des mains avaient écrit « Morts pour la France ». Des bouquets de fleurs furent déposés au pied des murs où en lettres de sang les nazis voulaient jeter l’opprobre sur les combattants de l’ombre.

Plus de 70 ans plus tard, le souvenir de ces 22 hommes et 1 femme reste vivace dans les esprits, les manuels scolaires perpétuent la mémoire de ceux qui furent exécutés pour défendre un pays qu’ils avaient choisi et dont ils n’étaient pas citoyens.

Arsène Tchakarian

En ce 21 février, où malheureusement nous ne pouvons pas nous recueillir au cimetière d’Ivry pour rendre hommage à ces héros, j’aurai une pensée pour Arsène Tchakarian qui fut le dernier survivant du Groupe Manouchian et qui est décédé en 2018 car il était la Mémoire de ces résistants.

Arsène était un ami, et nous avons, par une sorte de serment tacite, promis que jamais nous n’omettrions de commémorer le 21 février et le sacrifice des héros de l’Affiche Rouge. Arsène repose aujourd’hui près de ses frères d’armes.

Je terminerai en réitérant une demande que je trouve légitime à savoir le transfert des cendres de Missak Manouchian au Panthéon. Un acte magnifique et hautement symbolique qui honorerait la République française parce que cet homme bien qu’apatride est mort pour la France en tant que combattant de la Résistance. Ensuite parce qu’il est rescapé d’un Génocide dont la négation par certains états assassine une nouvelle fois la mémoire d’un peuple massacré. Enfin ce geste de la France serait une réponse exemplaire à tous ceux qui utilisent la haine et le racisme comme moyen d’action politique.

Taline Durman

Hommage à Arsène Tchakarian

Chers amis,

Nous voici réunis autour de la tombe d’Arsène Tchakarian qui repose désormais auprès de ses frères d’armes du Groupe Manouchian.

Arsène Tchakarian

En ce dimanche 24 février, nous sommes venus honorer la mémoire de Missak et de ses camarades exécutés par les nazis en 1944 mais nous sommes également là pour vous cher Arsène qui fut leur compagnon. Vous, le dernier survivant du Groupe Manouchian, vous vous étiez fait une promesse à vous-même, celle d’être présent tous les ans, quel que soit le temps, au cimetière d’Ivry sur Seine pour évoquer les combattants de l’Affiche Rouge.

Pour la première fois, vous n’avez pas pu respecter ce serment mais sachez, cher Arsène, que nous suivrons le chemin que avez tracé et que nous serons présents pour eux et pour vous dans les années à venir comme nous sommes présents aujourd’hui.

Et pourquoi reprendre le flambeau de ce travail de mémoire ?

Nous devons reprendre le flambeau du travail de mémoire parce que plus jamais ce travail est primordial et indispensable. Arsène, vous qui alliez dans les lycées et les collèges pour raconter l’histoire de la Résistance mais aussi celle des Arméniens et du génocide, vous connaissiez l’importance du témoignage et de la transmission.

En ces temps troublés où resurgissent des démons du passé que tous espérions à jamais disparus, il me revient en mémoire une phrase du dramaturge Bertolt Brecht : « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».  Cette bête immonde c’est le rejet des autres, c’est l’antisémitisme, ce sont toutes ces idées nauséabondes contre lesquelles s’étaient levés les héros de la Résistance et qu’ils combattaient avec force et avec rage.

Votre histoire, Arsène comme celle de Manouchian est une page de l’Histoire de France mais aussi de l’Histoire universelle car vous étiez à la fois des Résistants contre l’occupant nazi en France et des rescapés du génocide des Arméniens.

Comment dans ce cas ne pas être choqué par le fiel haineux déversé par un négationniste du Génocide des Arméniens le 21 février dernier sur Manouchian, le jour même de la commémoration de son exécution ?

Tout le travail de mémoire, dans une telle actualité prend alors pleinement son sens pour combattre les négationnistes de tout poil et pour rappeler que la France, notre France celle pour laquelle sont tombés Missak Manouchian et ses camarades est celle des Droits de l’Homme et des valeurs républicaines Liberté, Égalité et  Fraternité.

Votre combat, cher Arsène, nous le continuerons inlassablement pour que le sacrifice des héros de la Résistance ne soit pas vain !

Comité Directeur
Ivry, 24 février 2019

Groupe Manouchian

Missak MANOUCHIAN Cdt. (1er septembre 1906 – 21 février 1944)

Résistant français, fusillé au Mont-Valérien, Missak Manouchian est né dans le village d’Adyaman en Turquie. Rescapé du génocide des Arméniens de 1915, il reste à tout jamais marqué par les atrocités dont il a été le témoin. Cette expérience exalte son talent d’écrivain et de poète. En 1925, il débarque à Marseille.

D’abord ouvrier et journaliste, il adhère au Parti communiste en 1934, puis intègre le groupe arménien de la MOI (Main d’Œuvre immigrée). Après la défaite de 1940, il redevient ouvrier puis responsable de la section arménienne de la MOI clandestine. Versé dans les FTP-MOI de la région parisienne en 1943, il en prend la direction militaire en août, sous le commandement de Joseph Epstein. 

Le coup d’éclat des FTP-MOI a lieu, le 28 septembre 1943, avec l’exécution du général S.S. Julius Ritter, responsable du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) en France.

Missak Manouchian est arrêté en novembre 1943, dans le cadre d’une vaste opération de la police française contre les unités combattantes de la MOI parisienne.

Condamné à mort par un tribunal allemand et désigné comme « chef de bande » sur la fameuse Affiche rouge placardée sur les murs de France, il est exécuté au Mont-Valérien avec vingt-et-un de ses compagnons, le 21 février 1944.