Hommage à Arsène Tchakarian

Chers amis,

Nous voici réunis autour de la tombe d’Arsène Tchakarian qui repose désormais auprès de ses frères d’armes du Groupe Manouchian.

Arsène Tchakarian

En ce dimanche 24 février, nous sommes venus honorer la mémoire de Missak et de ses camarades exécutés par les nazis en 1944 mais nous sommes également là pour vous cher Arsène qui fut leur compagnon. Vous, le dernier survivant du Groupe Manouchian, vous vous étiez fait une promesse à vous-même, celle d’être présent tous les ans, quel que soit le temps, au cimetière d’Ivry sur Seine pour évoquer les combattants de l’Affiche Rouge.

Pour la première fois, vous n’avez pas pu respecter ce serment mais sachez, cher Arsène, que nous suivrons le chemin que avez tracé et que nous serons présents pour eux et pour vous dans les années à venir comme nous sommes présents aujourd’hui.

Et pourquoi reprendre le flambeau de ce travail de mémoire ?

Nous devons reprendre le flambeau du travail de mémoire parce que plus jamais ce travail est primordial et indispensable. Arsène, vous qui alliez dans les lycées et les collèges pour raconter l’histoire de la Résistance mais aussi celle des Arméniens et du génocide, vous connaissiez l’importance du témoignage et de la transmission.

En ces temps troublés où resurgissent des démons du passé que tous espérions à jamais disparus, il me revient en mémoire une phrase du dramaturge Bertolt Brecht : « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».  Cette bête immonde c’est le rejet des autres, c’est l’antisémitisme, ce sont toutes ces idées nauséabondes contre lesquelles s’étaient levés les héros de la Résistance et qu’ils combattaient avec force et avec rage.

Votre histoire, Arsène comme celle de Manouchian est une page de l’Histoire de France mais aussi de l’Histoire universelle car vous étiez à la fois des Résistants contre l’occupant nazi en France et des rescapés du génocide des Arméniens.

Comment dans ce cas ne pas être choqué par le fiel haineux déversé par un négationniste du Génocide des Arméniens le 21 février dernier sur Manouchian, le jour même de la commémoration de son exécution ?

Tout le travail de mémoire, dans une telle actualité prend alors pleinement son sens pour combattre les négationnistes de tout poil et pour rappeler que la France, notre France celle pour laquelle sont tombés Missak Manouchian et ses camarades est celle des Droits de l’Homme et des valeurs républicaines Liberté, Égalité et  Fraternité.

Votre combat, cher Arsène, nous le continuerons inlassablement pour que le sacrifice des héros de la Résistance ne soit pas vain !

Comité Directeur
Ivry, 24 février 2019

Groupe Manouchian

Missak MANOUCHIAN Cdt. (1er septembre 1906 – 21 février 1944)

Résistant français, fusillé au Mont-Valérien, Missak Manouchian est né dans le village d’Adyaman en Turquie. Rescapé du génocide des Arméniens de 1915, il reste à tout jamais marqué par les atrocités dont il a été le témoin. Cette expérience exalte son talent d’écrivain et de poète. En 1925, il débarque à Marseille.

D’abord ouvrier et journaliste, il adhère au Parti communiste en 1934, puis intègre le groupe arménien de la MOI (Main d’Œuvre immigrée). Après la défaite de 1940, il redevient ouvrier puis responsable de la section arménienne de la MOI clandestine. Versé dans les FTP-MOI de la région parisienne en 1943, il en prend la direction militaire en août, sous le commandement de Joseph Epstein. 

Le coup d’éclat des FTP-MOI a lieu, le 28 septembre 1943, avec l’exécution du général S.S. Julius Ritter, responsable du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) en France.

Missak Manouchian est arrêté en novembre 1943, dans le cadre d’une vaste opération de la police française contre les unités combattantes de la MOI parisienne.

Condamné à mort par un tribunal allemand et désigné comme « chef de bande » sur la fameuse Affiche rouge placardée sur les murs de France, il est exécuté au Mont-Valérien avec vingt-et-un de ses compagnons, le 21 février 1944.