Après la période monarchique des royaumes, l’Arménie a eu principalement quatre partis politiques :
Le parti Social-Démocrate Hentchakian fondé en 1887 à Genève avec à sa tête Nazarbek (Avedis Nazarbekian).
La Fédération Révolutionnaire Arménienne dite Dachnaktsoutioun, fondée en 1890 par Christapor Mikaelian, Simon Zavarian et Stépan Zprian, dit Rostom et constitué en parti politique structuré et organisé, s’appuyant sur une plate-forme politique, en 1892, à Tiflis (Tbilissi).
Le Parti Démocrate Ramgavar est issu du Parti Constitutionnel Démocrate créé en 1908, à Constantinople qui donnera, en 1921, le parti Démocrate Libéral, en arménien Ramgavar Azadagan.
Le Parti Communiste Arménien. Créé après l’éclatement du SEYM (Union de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et de la Géorgie) à Erevan en janvier 1920 par Gassian, Mrabian et Alaverdian.
Il est intéressant de noter que la majorité des partis politiques arméniens ont été créés hors d’Arménie.
Les partis politiques assument leur rôle dans l’optique de servir la nation. L’Arménie historique mutilée déclare sa première indépendance le 28 mai 1918. Son territoire exigu représente à peine 10.000 km² de superficie. Sa population de 800.000 âmes est constituée pour moitié des rescapés du génocide de 1915 perpétré dans l’Empire ottoman. À 7 km d’Erevan, les canons turcs étaient bien visibles de la capitale arménienne (voir Hayastani Hanrabedoutyoun – La République d’Arménie – de Simon Vratzian 1928).
De par son existence,l’Arménie était comme une épine plantée dans le pied des Turcs. Le Caucase a de tous temps été convoité par les grandes puissances régionales comme la Russie mais également par les Occidentaux particulièrement par le Royaume-Uni. Sa situation géopolitique permettait à la Turquie d’être soutenue toutautant par la Russie soviétique que par l’Occident.
Le 29 novembre 1920, l’Arménie adhère à l’Union soviétique. Pendant 70 ans, la plus petite des quinze Républiques formant l’URSS a vécu des périodes glorieuses et douloureuses. À cette époque, l’Arménie s’étendait sur 29.000 Km², un territoire sur lequel vivaient 3,5 millions d’habitants. Lors de la 2ème Guerre mondiale, le pays avait perdu plus de 300.000 de ses fils, soldats et officiers, tombés dans les rangs de l’Armée rouge. Les Arméniens de la Diaspora s’étaient engagés dans les armées des différents pays où ils avaient émigré. De jeunes Arméniens firent partie de la Résistance française dans laquelle se distingua Missak Manouchian.
Après la 2èmeGuerre mondiale, le régime soviétique commence à s’ébranler. Le tremblement de terre du 7 décembre 1988 a secoué profondément l’Arménie en causant de nombreux dégâts et en provoquant des milliers de morts. Suite à l’effondrement de l’Union soviétique, l’Arménie a déclaré son indépendance le 21 septembre 1991. Elle fait désormais partie de l’ONU.
L’Arménie est devenue un État souverain qui a établi des relations diplomatiques avec la plupart des autres pays du monde. Il n’y a que la Turquie et l’Azerbaïdjan qui refusent d’entretenir des relations avec elle et maintiennent un blocus économique à ses frontières empêchant toute circulation des biens et des personnes.
L’Arménie se développe. La volonté du peuple peut créer une Arménie forte et prospère. Tcharentz ne disait-il pas : « Peuple arménien ta force est dans ton unité. »
La Diaspora ne doit pas devenir le poumon de l’Arménie, sinon l’Arménie suffoquera. L’assaut contre l’Assemblée Nationale arménienne en 1999 avec ses morts dont le Premier Ministre d’alors et le Président de l’Assemblée ainsi que le décès « énigmatique » de Sergheï Badalyan le premier secrétaire du Parti Communiste Arménie ne sont pas élucidés d’une manière claire jusqu’à ce jour. C’est l’unité de la nation et la vigilance accrue des autorités qui peuvent déjouer les complots ourdis contre l’Arménie.
Que des partis politiques ou des gouvernements élisent domicile hors des frontières de leur pays et continuent à partir de leur exil d’exercer une autorité politique est compréhensible, lorsque les pays dont ils sont issus sont sous occupation étrangère. Ce fut le cas de la Pologne, de la Belgique, des Pays-Bas, du Grand-Duché du Luxembourg et de la Norvège notamment dont les gouvernements légitimes et les plus hautes autorités de l’État choisirent de s’exiler à Londres lors de la 2ème Guerre mondiale quand l’Allemagne nazie avait conquis toute l’Europe.
Pendant la guerre d’Algérie, le FLN installa un gouvernement provisoire algérien au Caire en 1958.
La guerre finie ou les pays envahis ayant recouvré leur indépendance tous les gouvernements provisoires établis à l’étranger ont réintégré leur patrie.
Dans un État démocratique, l’attitude incorruptible de ses autorités assurera un élan plus rapide du pays. Il est bien évident qu’un pays sous la coupe d’une oligarchie avec un système dictatorial va connaître de grandes difficultés à accéder à un régime démocratique. La tâche de former les masses pour leur permettre d’atteindre un niveau équivalent à celui des pays les plus avancés incombe aussi aux partis politiques. Avec un travail en profondeur et une persévérante détermination c’est la grande majorité de la population que l’on peut éduquer. L’équipe au pouvoir doit donner l’exemple, si elle croit sincèrement au redressement et à la réussite du pays.
Tous les partis politiques arméniens de la Diaspora doivent se rapatrier en Arménie (État souverain) où ils exerceront leur rôle de parti au service de la nation arménienne.
En ce qui concerne les Arméniens de la Diaspora, ils sont les citoyens du pays où ils sont nés. Ils peuvent accéder à des niveaux élevés dans ces pays et selon leur sensibilité ils peuvent adhérer aux diverses formations politiques dont ils se sentent les plus proches. Dans les États démocratiques, le choix d’un parti ou d’un courant politique est suffisamment large pour répondre à toutes les aspirations.
En tenant compte de tout ce qui précède, il apparaît que l’existence de partis politiques arméniens en dehors de l’Arménie est inopportune.
Antony – Juillet 2007 Nersès DURMAN – ARABYAN
(*) Après l’indépendance, si les partis politiques arméniens siègent dans le pays, ils n’ont aucun droit et ne peuvent prétendre représenter la nation arménienne dans la diaspora. Par contre, les Arméniens de la diaspora, considérés comme des citoyens de ce pays doivent s’intégrer dans les institutions politiques, syndicales, sportives associatives françaises pour accomplir leur devoir de citoyen et servir les intérêts de la nation. C’est dans ces conditions-là que les Arméniens, épris de liberté et de droit, peuvent apporter une contribution réelle à la cause arménienne.
À l’occasion du 20ème anniversaire de la reconnaissance par la France du Génocide des Arméniens, Ara Toranian co-président du CCAF avait interviewé Alexis Govciyan, ancien président du Comité 24 avril 1915 et du CCAF.
Lors de cette interview à la fois claire et précise, nous tenons néanmoins à rappeler un fait que d’aucun semble vouloir occulter.
Lors du premier vote de l’Assemblée Nationale, lorsque le texte de la loi est arrivé au Sénat, il n’a pas été voté par les sénateurs. Suite au refus de la Haute Assemblée, une réunion extraordinaire du Comité 24 avril a été décidée pour statuer sur les dispositions à prendre. Toutes les composantes du comité étaient présentes au Yan’s club et chaque association exprimait son avis et son ressenti.
Ce jour-là, l’association MAFP déclara que, tant que la question du génocide sera enfermée dans une coquille arméno-arménienne, il ne faudrait se faire aucune illusion quant à la reconnaissance du génocide par la France. Et d’ajouter que le seul moyen de faire aboutir ce projet de loi était d’impliquer les partis politiques et les syndicats.
Cette proposition reçut l’aval de l’ensemble des associations présentes et du président du C24, seule la FRA en la personne de Mourad Papazian s’y opposa arguant du fait que cette reconnaissance du génocide était une affaire arméno-arménienne.
Force est de constater que l’association MAFP qui a contacté tous les partis politiques et les syndicats avait eu raison de proposer cette solution puisque la loi fut finalement votée. Force est de constater aussi malheureusement que les personnes qui détiennent le pouvoir peuvent réécrire l’histoire et jeter dans l’oubli celles qui ont eu l’initiative du projet.
Nersès Durman-Arabyan Président Paris – 29/01/2021
LA RECONNAISSANCE ET UNE JUSTICE ÉQUITABLE POUR NOS MORTS
L’existence des Arméniens est avérée dès 721 avant Jésus Christ avec le royaume d’Ourartou. A son apogée, en 70 avant Jésus Christ, le royaume d’Arménie s’étendait jusqu’au royaume de Judée. Pendant des siècles, les royaumes d’Arménie, ou les principautés arméniennes coexistèrent aux côtés des grands empires romain, parthe ou perse. Dès l’an 301, l’Arménie avait opté pour le christianisme comme religion d’État. Dans le tumulte des guerres régionales, elle fut envahie par les Perses, les Mamelouks, les Russes et les Turcs. Ce n’est qu’au 12ème siècle que les Turcs regroupés en deux tribus « Ak koyunlular » les Moutons Blancs et « Kara Koyunlular » les Moutons Noirs venant d’Asie Centrale firent leur apparition en Anatolie. Au fil des conquêtes, ils déployèrent leur mainmise sur trois continents, l’Europe, l’Asie et le nord de l’Afrique, qu’ils érigèrent en Empire Ottoman sur plus de 2 millions de Km².
En 1915, durant la Grande Guerre qui opposait l’Allemagne, l’Empire austro-hongrois et leur allié l’Empire Ottoman à la Russie, l’Angleterre et la France, le gouvernement Jeune Turc décida d’ arrêter, de spolier, d’ exécuter les notables arméniens de Constantinople puis de déporter les Arméniens d’Anatolie vers les camps de concentration de Syrie .
Le 25 octobre 1917, la révolution bolchevique éclata en Russie sous l’impulsion de Lénine. Le tsar destitué, le régime passait sous l’autorité du parti communiste. Suite à ces bouleversements, les soldats russes qui occupaient le Caucase et une partie de l’Arménie orientale regagnèrent leurs foyers, sans prendre leurs armes. Cela permit aux Turcs de récupérer tout le matériel militaire laissé sur place par leurs ennemis.
Avançant progressivement, l’armée turque récupérait les terres arméniennes délaissées par les Russes. Dans ses mémoires, le général turc Kâzim Karabekir écrivit que, dans chaque village arménien traversé et abandonné par ses habitants, ses soldats trouvaient des vivres en quantité abondantes et pouvaient se reposer dans les maisons. Il avoua que, sans cela, son armée n’aurait pu faire un pas de plus.
Après l’armistice, la première République d’Arménie fut créée le 28 mai 1918 avec la bénédiction des Turcs, de l’Europe et des États-Unis.
Dans son livre de La République d’Arménie édité en 1928, Simon Vratsyan rapportait entre autres que : « D’Erevan (capitale de l’Arménie), les canons turcs étaient visibles. L’Arménie était devenue exsangue ; la moitié de la population était composée de rescapés des massacres. »
Le 29 novembre 1920, l’Arménie rentrait dans le giron Soviétique.
Pendant 70 ans, les Arméniens connurent un âge d’or, malgré les atrocités du régime stalinien. Après l’implosion de l’URSS, la République d’Arménie fut constituée, le 21 septembre 1991.
A ce jour, une trentaine de pays au Monde a reconnu le Génocide des Arméniens mais la Turquie continue à nier cette vérité historique.
À l’époque, si les Turcs avaient agi intelligemment après l’éclatement de l’Empire Ottoman, débarrassés de leur nationalisme dévastateur pour mettre en œuvre un État Fédéral composé de Turcs, d’Arméniens, de Kurdes, de Grecs et de Juifs, l’Anatolie serait devenue un paradis au Moyen Orient. Il aurait largement dépassé la Suisse.
Les peuples du Monde doivent comprendre que leurs différends ne peuvent se régler par des guerres. C’est en générant les liens directs et solides, et par de franches discussions que les problèmes seront à jamais résolus.
Un riche Arménien dit « Enguer Pantchouni » 1 disposant de grands terrains arides en donne une parcelle à son ami pour pouvoir l’exploiter. Son ami, grâce à de grands efforts retourne la terre et y plante des arbres fructueux. Après un certain temps, Enguer Pantchouni constate la transformation de ses terres arides en un terrain cultivé, il reprend son bien sans dédommager son ami.
Cette fable démontre un épisode de la vie de la communauté arménienne embarquée sur un frêle esquif sans itinéraire précis et qui se laisse porter sur une mer démontée au gré des vagues.
PASSÉ DE LA COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE DE FRANCE
Sous l’occupation ottomane, la population de l’Arménie fut victime d’innombrables massacres de 1894 à 1896 puis en 1909. Mais ce fut à partir du 24 avril 1915 qu’elle reçut le coup de grâce par les Jeunes Turcs qui organisèrent la déportation et l’extermination de plus d’un million d’Arméniens. Un petit nombre de ces Arméniens trouva refuge en Arménie orientale sous l’empire russe. Quant aux autres rescapés, ils furent éparpillés dans le monde entier.
En 1944, le juriste juif polonais Raphael Lemkin allait qualifier ces massacres de « Génocide » terme que les Juifs allaient également utiliser avant d’adopter celui de « Shoah ». En 1920, les Arméniens rescapés du Génocide arrivèrent par plusieurs groupes en France. Pour ces Arméniens dépaysés, l’intégration s’avérait compliquée car ils ne connaissaient ni la langue ni les coutumes, seule la religion chrétienne dominante en France était un gage de sécurité.
Les Arméniens sont connus pour leur courage et la qualité de leur travail ; ainsi ils ne dédaignèrent aucun emploi qui leur était proposé tant dans l’industrie que dans l’agriculture. Pendant 30 ans, la communauté arménienne de France s’est développée, elle a construit des églises, des écoles et des centres culturels. L’activité des partis politiques arméniens était conforme aux dispositions des lois en vigueur. Le 24 avril 1915 était pour le peuple arménien une date remarquable, un jour de deuil que les églises apostolique, catholique et protestante évoquent ensemble. Le 24 avril est pour la communauté arménienne tout entière la date du deuil national.
PRÉSENT DE LA COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE DE FRANCE
La veille du 50ème anniversaire du génocide des Arméniens, le président de la J.A.F. (Jeunesse Arménienne de France) publiait une tribune qui stipulait que le 24 avril devait cesser d’être une journée de deuil, de prières et de larmes mais devenir une journée de lutte, de combat et de revendications.
Il s’agissait dorénavant de faire reconnaître la réalité du Génocide des Arméniens, de lutter contre tous les sordides négationnistes et ce en hommage et mémoire des 1,5 millions de martyrs qui dorment sans sépulture.
Après la mort de Staline en 1953, les persécutions avaient cessé en Arménie par conséquent le peuple arménien commençait à respirer. À l’occasion du 50ème anniversaire du Génocide des Arméniens, à la mémoire des martyrs de 1915 fut érigé un monument gigantesque à Dzidzenagapert ainsi qu’un musée du Génocide à Erevan. En France, des manifestations de masse furent organisées dans les grandes villes du pays.
Dans les années 70-80, les formations M.N.A. (Mouvement National Arménien) et l’A.S.A.L.A. (Armée Secrète Arménienne de la Libération de l’Arménie) allaient porter le Génocide des Arméniens sur la place publique. L’A.S.A.L.A. était une organisation qui menait la lutte armée contre les représentants diplomatiques turcs. Certaines attaques firent malheureusement des victimes collatérales, des personnes innocentes ce qui discrédita quelque peu la cause qu’elle défendait. Ce fut une période de réveil en France, les associations de jeunesse avaient commencé le travail pour la reconnaissance du Génocide.
En 1995 se formait en France, le comité 24 avril 1915 avec plus de 20 organisations arméniennes y compris les partis politiques historiques. Le but de ce comité était de faire reconnaitre le Génocide des Arméniens par les hautes autorités françaises. En France, le comité 24 avril avait réussi à faire inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale la question de la reconnaissance du Génocide des Arméniens par la France.
Le texte avait été voté par l’Assemblée nationale le 29 mai 1998 mais devait également l’être par le Sénat pour avoir force de loi. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Dépité par cette situation, le président du comité 24 avril avait convoqué une réunion extraordinaire qui s’était déroulé dans la salle du Yan’s club à Paris.
Le président interrogea chacun des représentants d’associations présentes pour avoir leur avis sur la façon de sortir de l’impasse. Nous avions indiqué en ce temps, tant que la question du Génocide des Arméniens resterait dans la sphère arméno-arménienne, il n’y aurait aucune issue positive et qu’il ne fallait pas se faire d’illusion. Par contre, l’implication des partis politiques et des syndicats français pourrait nous permettre d’aboutir à nos fins. Dès qu’il entendit notre proposition, Enguer Pantchouni bondit de son siège comme s’il avait un ressort sous son séant et s’inscrivit en faux, déclarant de façon péremptoire que la reconnaissance du Génocide des Arméniens ne devait et ne pouvait être réalisée que par les propres forces arméniennes.
Cependant, le président et la majorité des membres ayant accepté notre proposition, notre association M.A.F.P. sollicita par conséquent le soutien des partis politiques et des syndicats français. Tous les partis et syndicats répondirent positivement sauf un syndicat qui refusa d’apporter son soutien et après enquête, nous nous rendîmes compte qu’il avait beaucoup de travailleurs turcs parmi ses adhérents.
Le Parlement français vota finalement la loi reconnaissant le génocide vu que cette question était sortie de la coquille arménienne et était devenue une affaire française. Le 18 janvier 2001, la France reconnaissait officiellement le Génocide Arménien. Rappelons-nous que le premier pays au monde ayant reconnu le Génocide des Arméniens fut l’Uruguay le 20 avril 1965.
Il y eut une grande réjouissance dans la communauté franco-arménienne entre l’ecclésiastique et le laïc, l’intellectuel et le manuel, le français et l’arménien, tous s’embrassaient. Le travail que nous avions mené ne devait pas s’arrêter à mi-chemin, il fallait maintenant assurer la reconnaissance du Génocide des Arméniens dans le monde entier.
Le comité du 24 avril se transforma et devint C.C.A.F. (Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France) le 24 avril 2001. Afin d’optimiser cette nouvelle association, il aurait fallu la doter de statuts.
Le C.C.A.F. avait organisé une réunion dans les locaux de l’U.G.A.B. pour élaborer les statuts de la nouvelle association. Soudain Enguer Pantchoui proposa un document qu’avait élaboré son équipe. Or, force fut de constater qu’il ne s’agissait pas de statuts mais bel et bien d’une constitution. Nous avons donc refusé ce document arguant de fait qu’il n’était pas utile de créer un État arménien hors de l’Arménie. Finalement ce sont les statuts du C.C.A.F. qui furent adoptés.
À l’occasion de la commémoration du 60ème anniversaire de l’exécution de Missak Manouchian, M.A.F.P. avait préparé le 6 février 2004 des cartons d’invitation pour se rendre au cimetière d’Ivry où avait lieu la cérémonie.
Comme il restait de l’espace libre sur ce carton, le président de M.A.F.P. décida d’inclure un encart impliquant le C.C.A.F. Lors de la réunion suivante du C.C.A.F, Enguer Pantchouni. s’emporta, accusant M.A.F.P. d’usurper le nom du C.C.A.F. pour sa propre publicité et réclama officiellement l’exclusion de l’association du Conseil.
D’après les statuts du C.C.A.F., un membre fondateur ne pouvait être exclu. Cependant, les discussions mesquines, le chantage et le marchandage commencèrent, au grand dam de M.A.F.P. Ainsi, le directeur d’un journal patriotique plutôt que de soutenir l’association proposa de muer l’exclusion définitive en une exclusion de 6 mois seulement. Cela fut d’autant plus douloureux pour les membres de M.A.F.P. que ce journal était aussi leur création, mais force fut de constater que l’intérêt général s’efface devant l’intérêt particulier. Enguer Pantchouni continuait à fanfaronner et à menacer de quitter le C.C.A.F. avec tous ses satellites, si M.A.F.P. n’était pas exclu. Face à une telle détermination et par souci d’apaisement, nous avons préféré partir de cette association que nous avions fondée à part égale avec d’autres.
Le C.C.A.F. devenait ainsi la chasse gardée d’Enguer Pantchouni et de ses acolytes. Pendant plus d’un an, hors du C.C.A.F. nous avons poursuivi nos activités. Le nouveau président du C.C.A.F. nous proposa de réintégrer l’institution après un an de purgatoire, il est fort probable qu’Enguer Pantchouni n’ait pas réussi à faire main basse sur le système. Une année avant la commémoration du centenaire du Génocide des Arméniens, le C.C.A.F. avait demandé à chaque association quel serait leur projet. Notre association avait préparé un projet de collecte de sang en mémoire des victimes du Génocide. Malheureusement, celui-ci ne reçut pas l’approbation de l’institution. Par conséquent, M.A.F.P. décida de mener ce projet avec ses seules forces humaines et financières. Ainsi 5.000 cartes postales furent éditées en français et envoyées à toutes les institutions nationales et internationales.
Nous contactâmes l’E.F.S. (Établissement Français de Sang) le 29 septembre 2014 puis nous nous rendîmes dans leur centre pour présenter notre projet qui attira toute leur attention. Les responsables de l’E.F.S. proposaient de faire du mois d’avril, le mois des génocides. Que s’est-il passé pour que cette coopération pourtant si aboutie ait eu si peu d’écho ? Cela reste une énigme pour nous. L’E.S.F. nous a communiqué les lieux et dates des collectes que nous avons diffusés auprès du public. Il est fort probable que certaines forces obscures ne voulant pas de ce projet de collecte de sang aient sciemment fait échouer cette action.
Comme nul n’est prophète dans ce pays, la collecte de sang a eu des échos positifs et des répercussions à l’étranger en Suisse, au Canada, en Australie contrairement aux médias de la communauté arménienne de France.
AVENIR DE LA COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE DE FRANCE
Avant d’étudier l’avenir de la communauté arménienne de France observons un fait sans précédent qui avait effrayé le monde entier : la Seconde guerre mondiale de 1939-1945. L’Allemagne avait occupé presque toute l’Europe, la France était coupée en deux zones, la zone occupée par les nazis et la zone « libre » sous l’autorité de Vichy. Le Royaume-Uni avait échappé à l’occupation allemande et c’est dans ce pays que se constituaient les gouvernements européens provisoires en exil. Le 18 juin 1942 général Charles de Gaulle avait créé les Forces Française Libres et appelé à la Résistance contre l’occupant nazi et la France de Vichy.
En France, Missak Manouchian membre des F.T.P. M.O.I. était le chef d’un groupe de résistants composé de Juifs, d’Arméniens, d’Italiens, d’Espagnols, de Polonais qui mena plusieurs actions dans la région parisienne. Manouchian, avec la collaboration d’Arsène Tchakarian, avait organisé l’attentat contre le général de l’armée allemande Julius Ritter. Après la mort de Ritter, le 28 septembre 1943, Hitler proclama 3 jours de deuil national. Julius Ritter n’était donc pas le simple recruteur du S.T.O. en France, sa mission était bien plus importante, il avait été envoyé pour recruter par la force des spécialistes dans le domaine nucléaire. Ces scientifiques auraient permis à l’Allemagne de se doter de l’arme nucléaire. L’exécution de Ritter a marqué un coup d’arrêt à la progression scientifique de l’Allemagne nazie.
La Wehrmacht avait occupé presque la totalité de la partie européenne de l’U.R.S.S. Dans l’armée rouge, il y avait près de 600.000 Arméniens – des soldats, des officiers et des généraux.
L’armée allemande avait assiégé la ville de Stalingrad le 17 juillet 1942. À cette époque la Turquie était officiellement neutre, mais son armée – 26 divisions- était néanmoins alignée à la frontière de l’URSS prête à pénétrer dans le pays et à attaquer l’Arménie soviétique dès l’annonce de la chute de Stalingrad. La résistance soviétique et la capitulation allemande à Stalingrad le 2 février 1943 sonnèrent le glas du Grand Reich mais surtout sauva l’Arménie d’une attaque turque.
Quant à la communauté arménienne de France, il est très difficile de la mettre sur le droit chemin entre intrigues et corruptions, elle aurait besoin de personnes incorruptibles, intègres et actives. Dans le passé, le comité du 24 avril, avec une conduite exemplaire et une coopération sans précédent a fait reconnaître le Génocide des Arméniens par les autorités françaises.
L’Arménien doit se défaire de sa peau de nationaliste qui l’étouffe et comme le disait Charles Aznavour être 100% arménien et 100% français mais en gardant toujours à l’esprit qui il est et d’où il vient. Depuis un siècle, l’Arménien qui a développé l’idée d’une France chevaleresque, pays de liberté, d’égalité et de fraternité doit maintenant en étudier le système dans tous ses aspects.
En France, les municipalités représentent la plus petite cellule d’un pays. Les Arméniens en s’intégrant dans les conseils municipaux se rendent compte comment est dirigé le système municipal. Les Arméniens selon leur sensibilité peuvent s’intégrer et travailler avec tous les partis politiques. En France, il y a plusieurs milliers de municipalités où résident des Arméniens.
Un Arménien qui fait partie d’une organisation historique arménienne doit abandonner au seuil de l’entrée du conseil municipal sa tunique partisane. Dans l’enceinte du conseil municipal, un Arménien avec son expérience avancée pourra mettre sur pied le C.F.A. (Comité Franco-Arménien). Les amis français seront les bienvenus dans le C.F.A. sans distinction de leur appartenance politique. Le C.F.A. étant une formation apolitique, il reste en dehors des courants politiques.
Voir ci-joint en P.D.F. « L’intégration et la représentativité des Arméniens de France ».
Nersès Durman-Arabyan Antony, le 3 janvier 2019
1Dans la langue arménienne le dicton de Yervant Odyan « Enguer Pantchouni » représente un caractère humoristique et satirique mais il est plus souvent utilisé dans la version humoristique.
La culture c’est l’ADN
d’une nation. L’extermination d’un peuple plusieurs fois millénaire pour
s’approprier son héritage est voué à l’échec. L’ADN d’une nation révélera
toujours son identité. En conséquence, la culture arménienne restera à jamais
vivante dans la mémoire universelle.
Tout au long de l’histoire, les collectivités humaines ont
vécu dans différentes contrées. Elles y ont créé leur culture, leur religion,
et par conséquent des symboles qui représentent leur identité. L’UNESCO est une
organisation internationale qui consacre des fonds pour rechercher et préserver
le patrimoine de l’Humanité. Plusieurs fois millénaire, le peuple arménien, qui
fut l’objet de bon nombre de persécutions et de massacres, a affirmé son
identité dans les registres de la mémoire universelle. En Arménie, le seul
vestige qui demeure de l‘époque païenne est le temple de Garni. Après avoir
opté pour le christianisme comme religion d’État en 301, l’Arménie a construit
des églises ; certaines reposent sur les fondations de temples païens,
c’est le cas de la Sainte Église d’Etchmiadzine. L’Arménie historique a compté
des milliers d’églises, de monastères, de chapelles, d’écoles et d’hôpitaux.
Après le génocide de 1915, tous ces vestiges ont été détruits comme pour en
effacer l’existence. La ville d’Ani que les Turcs appellent « Ane »
ce qui signifie « Souviens-toi » se trouve sur l’actuel territoire de
la Turquie. Ani était célèbre pour ses mille et une églises. Ancienne capitale
de l’Arménie, elle fut complètement détruite.
Suite à l’anéantissement des Arméniens sur leurs terres
ancestrales, leurs églises furent dans le meilleur cas reconverties en étables
ou en granges. Au milieu du lac de Van, sur l’île d’Aghtamar (« Ak
Damar » pour les Turcs, à savoir « la veine blanche »), les
Arméniens avaient érigé au 10ème siècle une église, celle de la
Sainte Croix. Cet édifice nécessitait des travaux de restauration. La Turquie
les entreprit et, le 29 mars 2007, le bâtiment fut inauguré comme musée. La
croix dressée sur son dôme avait été supprimée afin de ne pas donner au lieu
son caractère sacré. Ainsi, la Turquie avait circoncise l’église la Sainte
Croix d’Aghtamar, qui reste et demeure un symbole dans la mémoire nationale
arménienne. Pour les Arméniens, il existe un nombre incalculable de vestiges
qui ont subi le même sort, la même amputation, comme ces cohortes de femmes et
ces jeunes filles enlevées, torturées et violées sur les routes de l’exode.
Depuis 92 ans, les rescapés de ce peuple génocidé qui ont constitué partout
dans le monde une diaspora ont été les témoins oculaires de la tragédie de
1915.
La Turquie ne se servirait-elle pas de l’inauguration de
l’église musée de la Sainte Croix d’Aghtamar pour faire valoir aux yeux du
monde son attachement aux valeurs universelles ?
La Turquie actuelle, candidate aux examens d’entrée dans
l’Union européenne, a concédé quelques libertés de façade à son peuple. Après
l’assassinat de Hrant Dink, plusieurs milliers de Turcs se sont réveillés pour
sortir de leur engourdissement. En Asie mineure (Anatolie), des centaines de
milliers d’Arméniens islamisés recherchent leurs racines, leurs ancêtres, leur
passé. Le gouvernement turc ne leur mettra-t-il pas des bâtons dans les roues
afin d’empêcher ceux d’entre eux qui le désireraient de se faire baptiser dans
l’église de Saint Grégoire l’Illuminateur ?