L’histoire du peuple arménien est marquée par des tragédies meurtrières, des massacres du XIXème siècle au génocide de 1915.
Depuis son indépendance, l’Arménie et l’enclave du Haut-Karabagh (Artsakh) furent les cibles régulières d’attaques azerbaïdjanaises. La dernière agression, fin septembre 2020, dura 44 jours. Elle se solda par la défaite des Arméniens qui ne purent endiguer la supériorité numérique et technologique de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, appuyés par des mercenaires syriens.
Depuis quelques jours, l’Arménie se trouve de nouveau pilonnée par les soldats de l’Azerbaïdjan et une nouvelle fois le silence assourdissant de la communauté internationale face à cette énième agression est insupportable.
Le Haut-Karabagh (Artsakh) est une terre historiquement arménienne dévolue à l’Azerbaïdjan pendant l’ère soviétique.
Combien de jeunes Arméniens doivent-ils mourir, combien de villages doivent-ils être anéantis et de monuments doivent-ils être détruits pour que des voix s’élèvent pour condamner les bourreaux du peuple arménien ?
L’Azerbaïdjan cherche à écarter la France de l’échiquier politique dans le Caucase en demandant son exclusion du groupe de Minsk.
L’Arménie a besoin de soutien et celui-ci ne peut venir que d’une diaspora forte et organisée, ainsi que de ses amis français.
Pour se faire, notre association MAFP avait conçu en juillet 2015 la création de CFA (Comités franco-arméniens).
Nous exhortons donc tous les élus français et arméniens à s’approprier ce projet que nous avons certes initié mais que nous voulons universel. La survie de l’Arménie est à ce prix !
Que retenir de l’incomparable acteur à la gouaille de titi parisien ?
Les images se télescopent, mes souvenirs aussi.
Un de mes amis me raconta que lors du tournage du Marginal Place de Clichy à l’Académie du Billard, Belmondo l’invita à boire une bière. C’était ça, Jean-Paul. Pas un monstre sacré inaccessible, mais un homme simple, au franc parler, fidèle en amitié avec autour de lui sa bande de copains, ceux du Conservatoire et ceux du cinéma.
Incorrigible, il le fut dans ses choix ; magnifique tant à l’écran que sur les planches ; l’itinéraire d’un enfant gâté… par la vie, apprécié en France comme à l’étranger.
Reconnaissance internationale !
S’il fut à l’affiche de films « commerciaux », injure dans la bouche de certains critiques pour qui le succès au box-office est synonyme de mépris, Belmondo jouera sa partition sur différents registres, de l’action à l’émotion, du rire aux larmes. À bout de souffle de Godard assurera sa notoriété. Chabrol, Melville, Verneuil, Lautner, De Broca, Malle, Oury, Lelouch notamment lui permettront de montrer toutes les facettes de son immense talent.
Revenant au théâtre, il triomphera avec panache dans Kean, Cyrano, Frédérick ou le Boulevard du Crime sur des textes de Sartre d’après Dumas, Rostand ou Schmitt.
Lui qui aimait le sport et plus particulièrement la boxe a quitté le ring de sa vie à 88 ans, ce 6 septembre 2021, rejoignant ainsi tous ses copains disparus avant lui, Marielle, Rochefort, Rich, Beaune, Denner, Vernier, Hossein et Charlot (Charles Gérard).
Nous pouvons considérer que cette date du 24 avril 2021 marque un tournant crucial dans l’histoire arménienne avec la reconnaissance par le Président des États-Unis du génocide des Arméniens, déclaration qui suscita immédiatement le courroux de la Turquie en la personne de Recep Tayip Erdogan. Quels enseignements devons-nous tirer de cette prise de position ? Tout d’abord, bien que cet événement soit majeur, il arrive cependant très longtemps après la première reconnaissance du génocide par un pays tiers, celle de l’Uruguay en 1965 et vingt ans après celle de la France. Pourquoi aura-t-il fallu plus de 100 ans pour que cette déclaration soit faite ?
Cette initiative forte du Président américain est-elle d’une importance si colossale ? Nous serions tentés de répondre par l’affirmative parce que la Turquie est membre de l’OTAN et donc directement affiliée aux États-Unis. Seulement en quoi ces reconnaissances successives sont-elles primordiales pour arriver à terme à faire reconnaître par la Turquie la réalité de ce génocide trop longtemps nié ? En France, la loi de 2001 reconnaissant « officiellement le génocide arménien » fut votée après de longs atermoiements, et ce n’est qu’au prix d’une implication massive des partis politiques et des syndicats français que l’adoption de cette loi fut effective. Il faut rappeler que l’association MAFP fut l’une des premières, pour ne pas dire une des seules au départ, à réclamer que les partis politiques soient impliqués dans ce processus de reconnaissance contrairement à certains leaders arméniens qui s’obstinaient à dire que la question arménienne devait être réglée par les seules forces arméniennes.
Force est de constater que s’entêter à s’enfermer dans sa propre coquille en ne voulant pas s’intégrer dans les structures politiques, administratives et sociales des pays dans lesquels nous sommes citoyens, nous relègue à des positions de faiblesse et de quémandeurs. N’aurions-nous pas obtenu plus tôt ces reconnaissances de pays tiers si nous avions été plus puissants ? N’aurions-nous pas obtenu une aide massive pour l’Arménie lors de la guerre d’Artsakh, si nous avions été des partenaires incontournables ? La faiblesse de l’Arménie réside dans la faiblesse de sa diaspora, nous ne sommes qu’une minorité larmoyante se posant en victime, alors que nous devrions être des combattants prêts à exiger de la part des gouvernants des pays tiers des actes et non des paroles, des soutiens réels au lieu de pseudo marques d’amitié. Il faut maintenant aller au-delà des déclarations d’intention, des aides humanitaires, qui sont certes nécessaires mais masquent le plus important : le respect des Droits de l’homme.
Aucune de ces belles annonces ne sont coercitives pour la Turquie et l’Azerbaïdjan qui perpétuent un génocide commencé en 1915. Il ne faudrait donc pas que cette parole forte des États-Unis occulte le plus important aujourd’hui, à savoir traduire en justice les criminels de guerre turc et azerbaïdjanais en les personnes d’Erdogan et Aliev pour les crimes contre l’humanité commis en Artsakh entre septembre et novembre 2020. Il ne faudrait pas oublier, qu’au mépris des règles internationales, les prisonniers de guerre arméniens croupissent toujours dans les geôles de Bakou.
Certes, les Arméniens sont heureux et soulagés par la prise de position de Joe Biden mais ils attendent encore celles d’Israël et du Royaume-Uni, deux états qui soutiennent et financent l’armement de Bakou et d’Ankara.
Alors que l’épidémie de coronavirus affectait dans le monde entier n’épargnant pas l’Arménie, la Turquie et son pays frère l’Azerbaïdjan entamaient leurs manœuvres militaires près de la frontière arménienne au mois d’août 2020. Un mois plus tard, le 26 septembre, l’armée azerbaïdjanaise, encadrée d’officiers turcs et renforcée par des djihadistes venus de Syrie, attaquait l’Artsakh. 44 jours durant, les soldats de l’Artsakh soutenus par des volontaires venus d’Arménie allaient héroïquement défendre leurs terres ancestrales avec un armement dérisoire face au matériel sophistiqué de l’Azerbaïdjan. Ce combat certes inégal fut essentiellement dû à la corruption sévissant en Arménie, depuis des années, à l’image du ministre de la Défense détournant à son profit l’argent prévu pour armer les soldats. Malgré la bravoure de ces derniers, il fallut épargner vies de d’autres jeunes recrues. Grâce à l’intervention de la Russie, un cessez-le feu fut décrété, le 9 novembre et signé par l’Azerbaïdjan et l’Arménie. La défaite des Arméniens sur le terrain militaire était bien flagrante et Nikol Pachinian dut endosser les erreurs commises de longue date.
Profitant de ce revers militaire, les opposants politiques se sont regroupés pour réclamer la démission du premier ministre. Vous savez que, dans le règne animal, lorsqu’une bête est blessée, tous les charognards se pressent pour le dépecer. Ce scénario est tout à fait transposable actuellement en Arménie. Des hommes déchaînés s’introduisirent au domicile du président de l’Assemblée nationale et le frappèrent devant ses enfants. Des bâtiments saccagés, plusieurs blessés et des arrestations furent le triste bilan de cette attaque violente.
Mais, en réalité, quels sont ceux qui tirent les ficelles et demandent la déchéance d’un Premier ministre en place, depuis 2 ans seulement, en lui reprochant la défaite actuelle ? Les principaux organisateurs des manifestions furent les partis d’opposition et leurs chefs respectifs, les ex-présidents de la République, d’anciens ministres. Tous ces personnages corrompus jusqu’à l’os, qui imputent à autrui leurs propres crimes et leurs propres malversations. La situation est telle qu’en Arménie plusieurs années de gestion rigoureuse et transparente seront nécessaires pour apurer les comptes. Que tous ceux qui ont dévalisé l’argent public restituent au pays les sommes illégalement perçues. Et que dire du représentant de la FRA Dachnaktsoutioun de France ? Il se précipita lui aussi à Erevan pour assister à une manifestation contre le gouvernement, réclamant la démission de Nikol Pachinian.
Les opposants avaient planifié leur action en exigeant la démission de N. Pachinian et la création d’un nouveau gouvernement. Ils ont désigné un dénommé Vasken Manoukian comme Premier Ministre pour former un gouvernement provisoire.
Lors de la manifestation d’Erevan dans laquelle il se trouvait, Vasken Manoukian eut l’audace de chercher à rameuter les policiers dans le camp des manifestants, en exigeant à la démission de Pachinian. Or, ceci constitue une grave faute politique, car le rôle de la police est d’assurer la sécurité de la population et non de jouer les troublions dans une cité. Aucun homme prétendant assumer les plus hautes charges de l’État ne peut ainsi dévoyer la force publique, à moins de vouloir ériger une dictature. En effet, dans les dictatures, la police, au service du pouvoir en place, peut ainsi arrêter sans justification n’importe quel opposant. Il arrive parfois que ledit opposant s’échappe avant l’intervention policière.
Nous sommes persuadés que l’Arménie réussira à surmonter cette épreuve. Avec le soutien de la diaspora, l’unité du peuple permettra à l’Arménie et à l’Artsakh de mener une vie paisible. L’amitié et la coopération avec la Russie est la pierre angulaire de la sécurité du peuple arménien.
En ce 21 février, rendons hommage aux membres du Groupe Manouchian qui furent exécutés par les nazis au Mont Valérien, en 1944 après un simulacre de procès. Les 22 hommes furent fusillés alors que la seule femme de ce groupe de résistants Olga Bancic fut décapitée quelques mois plus tard en Allemagne.
Missak Manouchian
Aujourd’hui à cause de la crise sanitaire et de l’interdiction de se réunir dans les lieux publics, la traditionnelle commémoration au cimetière d’Ivry en leur mémoire aura lieu en comité restreint. Cependant n’oublions jamais ceux qui sont morts pour que vive la France et pour que ses valeurs démocratiques soient restaurées.
Souvenons-nous de Missak Manouchian, Missak l’Arménien, l’orphelin et rescapé du Génocide des Arméniens, le poète, le combattant qui débarqua en France en 1924 en espérant construire une nouvelle vie sur cette terre d’accueil, ce pays des Droits de l’Homme qui ne pouvait être que l’eldorado rêvé.
Malheureusement en 1940, la défaite de la France et l’occupation nazie allaient transformer le rêve en cauchemar. Luttant contre sa propre nature, pacifiste et romantique, Missak dut se métamorphoser en un combattant et prendre les armes pour rendre à la France sa Liberté et sa République. Il allait devenir un Héros de la Résistance avec ses camarades des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisan- Main d’Œuvre Immigrée). Arrêtés en 1943, les membres du Groupe Manouchian allaient être stigmatisés par de grandes affiches de propagande nazie non pas comme des combattants de la Liberté mais comme des terroristes étrangers.
Ces affiches rouges que les nazis devaient placarder sur les murs de Paris pour fustiger la Résistance en la dénonçant comme une armée du crime menée par des étrangers eurent un effet inverse sur la population française. Certaines de ces affiches furent lacérées, alors que sur d’autres des mains avaient écrit « Morts pour la France ». Des bouquets de fleurs furent déposés au pied des murs où en lettres de sang les nazis voulaient jeter l’opprobre sur les combattants de l’ombre.
Plus de 70 ans plus tard, le souvenir de ces 22 hommes et 1 femme reste vivace dans les esprits, les manuels scolaires perpétuent la mémoire de ceux qui furent exécutés pour défendre un pays qu’ils avaient choisi et dont ils n’étaient pas citoyens.
Arsène Tchakarian
En ce 21 février, où malheureusement nous ne pouvons pas nous recueillir au cimetière d’Ivry pour rendre hommage à ces héros, j’aurai une pensée pour Arsène Tchakarian qui fut le dernier survivant du Groupe Manouchian et qui est décédé en 2018 car il était la Mémoire de ces résistants.
Arsène était un ami, et nous avons, par une sorte de serment tacite, promis que jamais nous n’omettrions de commémorer le 21 février et le sacrifice des héros de l’Affiche Rouge. Arsène repose aujourd’hui près de ses frères d’armes.
Je terminerai en réitérant une demande que je trouve légitime à savoir le transfert des cendres de Missak Manouchian au Panthéon. Un acte magnifique et hautement symbolique qui honorerait la République française parce que cet homme bien qu’apatride est mort pour la France en tant que combattant de la Résistance. Ensuite parce qu’il est rescapé d’un Génocide dont la négation par certains états assassine une nouvelle fois la mémoire d’un peuple massacré. Enfin ce geste de la France serait une réponse exemplaire à tous ceux qui utilisent la haine et le racisme comme moyen d’action politique.
Quel est le rôle joué par le MIT dans la stratégie néo-ottomane de Recep Tayyip ERDOGAN ?
Chacun le sait, la Turquie de M. ERDOGAN menace la Grèce, Chypre, l’Arménie, l’Europe…
Son rêve est de rétablir l’empire ottoman.
Ce livre est un ouvrage essentiel pour comprendre le fonctionnement des services spéciaux turcs.
M. Constantin PIKRAMENOS*, co-auteur du livre [avec Savvas KALENTERIDIS – Ndlr] « MIT – Le service secret turc » (Infognomon Editions) répond à nos questions à propos du renseignement turc et les menaces qu’il représente notamment en Europe.
Un livre enquête sur le renseignement turc ? Pour quelle raison et pourquoi maintenant ?
La Turquie des 10 dernières années et plus précisément après le printemps arabe a adopté une stratégie expansionniste néo-ottomane. On savait déjà que le parti au pouvoir AKP et Recep Tayyip ERDOGAN ont leurs origines dans l’Islam politique proche des Frères Musulmans. On savait aussi que Ahmet DAVUTOGLU (professeur en géopolitique et ancien Ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Erdogan) a écrit un livre sur la profondeur stratégique de la Turquie dans les années 2000.
Mais c’est le printemps arabe qui a offert aux nostalgiques de l’Empire Ottoman l’occasion unique de mettre en œuvre leurs idées pour la Turquie du 21ème siècle… Et l’outil tactique pour l’expansion de l’influence turque au Moyen Orient, en Afrique du Nord, dans les Balkans, dans le Caucase et en Asie Centrale est le service du renseignement turc, le MIT.
Comment le MIT est-il structuré ? Quel est son modus operandi ?
Le MIT a traversé une période de changements structurels et de la mentalité sous la direction de Hakan FIDAN (son directeur actuel). En lisant le livre, on apprend beaucoup sur des aspects techniques de la restructuration mais aussi sur des opérations en cours du MIT.
Le livre offre une analyse profonde sur des actions des officiers turcs du MIT dans la guerre en Syrie par exemple ou sur la manipulation des communautés turques en Europe et plus précisément sur l’exploitation de l’Islam en France…
Le MIT possède un gros budget, son personnel est plus nombreux par rapport à la DGSE, gère des milliers d’informateurs conscients ou inconscients, utilise des drones ISR et de combat, contrôle
des stations d’écoutes (SIGINT) de l’armée turque…On peut dire que MIT fait partie du club des meilleurs services du renseignement en termes des moyens humains, techniques et surtout financiers.
Le Président Macron a déclaré que la loi turque ne peut pas être appliquée en France…Vous voyez derrière cette déclaration, la confirmation de l’ingérence du MIT en France ?
Il faut considérer le MIT comme un service du renseignement, des actions paramilitaires et de la guerre de l’information. Dans ce livre de presque 400 pages, on présente le vaste réseau des agents du renseignement et de l’influence que le MIT possède en Europe. L’Allemagne et la France (pays fondateurs de l’EU) font partie des cibles de préférence du MIT avec Strasbourg comme centre de coordination des activités du service secret turc.
Les relations franco-turques traversent une période très difficile… Libye, Syrie, Arménie, Chypre, frères musulmans…même Charlie Hebdo fait partie des sujets de dispute entre M. MACRON et M. ERDOGAN…
Quel rôle pour les services secrets ?
Comme vous le savez, il n’y a pas que des amis et des ennemis, il n’y a que des intérêts. DGSE et MIT se connaissent très bien et parfois ils jouent le rôle de la diplomatie parallèle…Ismail HAKKI MOUSA (l’actuel ambassadeur turc à Paris) était, entre 2012-2016, le numéro 2 du MIT mais était aussi ambassadeur de France en Turquie…Donc on se parle mais on s’espionne aussi simultanément.
Selon vous, la rivalité historique entre le MIT et les services de maintien de l’ordre turcs dure toujours ?
C’était le cas pendant presque 35 ans (1965-2000). Les partis au pouvoir contrôlaient les services du renseignement de la police nationale et l’armée ultra-kémaliste contrôlait le MIT. À partir des années 2000, le MIT devient un service du renseignement 100% civil. Sous la direction d’Hakan Fidan, le MIT se renforce encore plus en tant que colonne vertébrale de la communauté du renseignement turque. Après la tentative du Coup d’Etat en 2016, la police et plus précisément les directions du renseignement et du contre-terrorisme de la police sont complètement « nettoyées » des éléments gulénistes. On peut parler aujourd’hui de « paix définitive » entre le MIT, la Police et la Gendarmerie turcs sous le contrôle absolu du Sultan turc.
Ces dernières années, on parle beaucoup sur le rôle du MIT pendant la guerre en Syrie et les opérations du renseignement en Europe contre des membres de la communauté GULEN et des sympathisants de la question kurde….
Notre livre est centré sur les opérations du MIT des 10 dernières années, donc le lecteur trouvera une pléiade d’informations sur ces questions… Profilage, fichage, dénonciation, surveillance, menaces, harcèlement, tentatives d’assassinat et même exécution à Paris des cadres du PKK, font parties des activités du MIT sous la direction de Hakan FIDAN.
En Turquie, la situation n’est pas différente, ce qui explique pourquoi la Turquie se trouve à la première place sur la liste de plaintes déposées à la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg. Les services du contre-espionnage en Europe essaient de contrer les activités du MIT mais, soit par manque des moyens soit par manque de volonté politique européenne, les agents des renseignements turcs se sentent libres d’opérer…pour l’instant.
*Constantin PIKRAMENOS est spécialiste de la Turquie et expert en Intelligence économique.
Diplômé de Sciences Po Athènes, il a co-écrit plusieurs ouvrages sur la Turquie et le Moyen-Orient et ses articles ont été publiés dans les presses grecque et turque.
À l’occasion du 20ème anniversaire de la reconnaissance par la France du Génocide des Arméniens, Ara Toranian co-président du CCAF avait interviewé Alexis Govciyan, ancien président du Comité 24 avril 1915 et du CCAF.
Lors de cette interview à la fois claire et précise, nous tenons néanmoins à rappeler un fait que d’aucun semble vouloir occulter.
Lors du premier vote de l’Assemblée Nationale, lorsque le texte de la loi est arrivé au Sénat, il n’a pas été voté par les sénateurs. Suite au refus de la Haute Assemblée, une réunion extraordinaire du Comité 24 avril a été décidée pour statuer sur les dispositions à prendre. Toutes les composantes du comité étaient présentes au Yan’s club et chaque association exprimait son avis et son ressenti.
Ce jour-là, l’association MAFP déclara que, tant que la question du génocide sera enfermée dans une coquille arméno-arménienne, il ne faudrait se faire aucune illusion quant à la reconnaissance du génocide par la France. Et d’ajouter que le seul moyen de faire aboutir ce projet de loi était d’impliquer les partis politiques et les syndicats.
Cette proposition reçut l’aval de l’ensemble des associations présentes et du président du C24, seule la FRA en la personne de Mourad Papazian s’y opposa arguant du fait que cette reconnaissance du génocide était une affaire arméno-arménienne.
Force est de constater que l’association MAFP qui a contacté tous les partis politiques et les syndicats avait eu raison de proposer cette solution puisque la loi fut finalement votée. Force est de constater aussi malheureusement que les personnes qui détiennent le pouvoir peuvent réécrire l’histoire et jeter dans l’oubli celles qui ont eu l’initiative du projet.
Nersès Durman-Arabyan Président Paris – 29/01/2021
Dans le monde entier, les bonnes relations de voisinage entre les États est souhaitable pour le bien de tous. Mais ce bon voisinage est-il réel ? Les villes et les villages adjacents de deux états limitrophes peuvent-ils vraiment s’entendre lorsque les religions, les langues et les coutumes sont différentes ? La cohabitation pourrait être sereine et amicale sauf si un tiers intervenait pour perturber cet équilibre.
Il est fort regrettable de constater que pour des intérêts personnels des liens amicaux et pacifiques puissent se détériorer et générer un conflit meurtrier.
Pendant des centaines d’années, des peuples ont réussi à vivre ensemble, ils ont partagé leur joie et leur douleur mais une haine distillée par le nationalisme ainsi que la misère sociale ont conduit à des affrontements et des combats entre des peuples qui, hier encore, vivaient en bonne intelligence. Ainsi, des peuples entiers furent exterminés et les seules traces de leur existence ne sont visibles au mieux que dans les livres d’histoire.
L’Arménie aurait pu être un de ces peuples disparus dont la civilisation millénaire n’aurait été connue que par les ouvrages d’art et de culture, en supposant que tous les édifices, témoins de cette grandeur ne fussent pas anéantis.
Début 1921, Staline avait invité les pays du Caucase et la Turquie à Moscou pour déterminer les frontières de chaque pays. Soudain, les révoltés de l’ancien régime renversèrent le gouvernement d’Arménie soviétique et contestèrent la légitimité de la délégation arménienne de Moscou qui dut se retirer. L’Artsakh, pourtant majoritairement peuplé d’Arméniens, fut donc arbitrairement rattaché administrativement à l’Azerbaïdjan par Staline. Ce sujet sera plus amplement développé dans un prochain article.
Il est bien évident que le litige sur la question de l’Artsakh (Karabagh) entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan remonte à 100 ans. Cependant, depuis la dislocation de l’URSS, les tensions entre les deux pays se sont accentuées et les populations arméniennes ont été victimes de massacres à Soumgaït et plusieurs centaines d’Arméniens ont été chassés de Bakou. Face à cette situation dramatique, les Arméniens d’Artsakh (Karabagh) proclamèrent leur indépendance et formèrent un gouvernement auto-proclamé.
La dernière agression de l’Azerbaïdjan contre l’Artsakh (Karabagh) fut minutieusement préparée par la Turquie et son État-major. Après plusieurs semaines d’un conflit meurtrier pour les Arméniens d’Artsakh (Karabagh) et les volontaires arméniens contre les armées d’Azerbaïdjan et les mercenaires djihadistes encadrés par les généraux turcs, un énième et dernier cessez le feu fut décidé grâce à l’intervention de la Russie dans le cadre du groupe de Minsk. Ne serait-il pas opportun pour assurer la stabilité dans cette région du Caucase de créer une République d’Artsakh (Karabagh) et du Nakhitchevan sous la tutelle des trois puissances du groupe Minsk, la Russie, la France et les États-Unis ? Toute immixtion d’autres États serait formellement proscrite.
Rétablir une paix juste dans cette région du Caucase est nécessaire pour le bien des trois États qui la composent mais aussi pour la stabilité du monde entier car tout bouleversement et déséquilibre dans cette partie du monde aura des répercussions aussi bien en Europe qu’en Amérique.
L’aveuglement des pays occidentaux et leur désintérêt du conflit meurtrier qui a eu lieu de fin septembre à début novembre ont fait le jeu de la Turquie qui maintenant pense avoir les mains libres pour continuer son expansion politique et territoriale.
Dans quelques jours aura lieu un sommet de l’Union européenne au cours duquel la question de la Turquie sera discutée afin de décider si des sanctions doivent être imposées à Ankara.
Le danger turc n’est pas nouveau. Mais l’erreur qui a été commise par la Grèce et Chypre est que nos deux pays ont cherché à y faire face seuls, sans mettre la question à l’ordre du jour de l’agenda de l’Union européenne, alors même que la Turquie représente pour notre continent une menace de premier ordre.
Athènes et Nicosie attendent désormais de leurs partenaires de l’UE qu’ils les appuient face à Ankara et cessent d’exiger d’eux, sans contrepartie, leur soutien pour des questions diplomatiques qui les concernent. Cette absence de solidarité réciproque affaiblit de facto leur position face à la Turquie.
La Grèce et Chypre, par leur connaissance des Turcs et leur expérience des confrontations avec eux, peuvent apporter beaucoup afin de permettre la prise de conscience du danger turc par l’Europe. Nous livrons ci-dessous quelques éléments essentiels de la stratégie turque destinée à déstabiliser l’UE.
1. Coopération avec les organisations terroristes islamistes
La Turquie s’est fait une spécialité de la coopération avec les organisations djihadistes qui œuvrent contre l’Occident.
– Premièrement, elle coopère depuis des années – et continue de le faire – avec les terroristes de l’État islamique, dont les dirigeants étaient basés en Turquie et ont collaboré avec la famille Erdogan dans le trafic et la vente de pétrole extrait des puits de pétrole syriens. La Russie a soumis un dossier particulièrement documenté sur ce sujet à l’ONU.
– Deuxièmement, Ankara coopère, forme et équipe des groupes terroristes islamistes, qu’elle utilise ensuite contre les Kurdes en Syrie, afin de procéder à leur expulsion des régions qu’ils occupent dans le nord de ce pays (Afrin, Al Bab, Gire Spi et Sere Kaniye), se livrant à un véritable nettoyage ethnique.
– Troisièmement, elle coopère, forme et équipe des groupes terroristes islamistes dans la région d’Idlib qu’elle occupe, ses troupes travaillant ouvertement avec ces groupes, notamment le Front al-Nosra, une branche d’Al-Qaïda, dont les camps sont situés à quelques kilomètres de la frontière turque dans le gouvernorat d’Idlib.
– Quatrièmement, elle coopère, forme, équipe et transporte des groupes terroristes islamistes en Libye, où elle les utilise pour établir un régime islamique sous contrôle turc dans ce pays. Cette question concerne directement l’UE car la Turquie joue le même jeu bien connu de trafic illégal de migrants musulmans vers l’Europe, dans le but d’augmenter le nombre et l’importance des communautés musulmanes sur le continent, pour en prendre à terme le contrôle.
– Cinquièmement, elle coopère, forme, équipe et transporte des groupes terroristes islamistes en Azerbaïdjan qui ont participé à la guerre du Haut-Karabakh et les a ensuite installés dans les territoires conquis, dans le but de modifier leur démographie et de procéder au nettoyage ethnique de la population chrétienne.
À l’occasion des récents attentats terroristes islamistes dans les pays de l’UE, il a été possible d’observer, qu’à défaut de pouvoir les applaudir, la Turquie s’est empressée de les justifier.
2. Trafic illégal organisé de musulmans étrangers
La participation des services de l’État turc dans le trafic illégal d’étrangers, en grande majorité de religion musulmane, vers la Grèce et Chypre, dans le but de changer la démographie de ces deux États, mais aussi celle des pays de l’Union européenne, est bien connue de tous et en particulier de FRONTEX. Les étrangers qui entrent illégalement en Grèce ont pour objectif de se rendre dans d’autres pays européens, d’y profiter des aides sociales et des allocations de l’État providence afin de satisfaire la clause du Coran qui leur demande de répandre l’Islam dans le monde entier.
Le gouvernement grec peut préparer et livrer aux pays de l’UE un dossier avec des faits et documents choquants, prouvant l’implication de l’État turc dans cette immigration et la coopération des services turcs avec les bandes de passeurs.
3. Action des organisations paraétatiques turques dans les pays de l’UE
La Grèce détient des preuves des activités des organisations paraétatiques turques dans les pays de l’UE, où elles sont impliquées dans le trafic de drogue et le terrorisme, que cela soit contre les Kurdes, les Alevis, les Arméniens ou les opposants au régime d’Erdogan.
4. Violation des droits de l’homme
La Turquie étant un pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, elle est tenue de se conformer aux critères de Copenhague ainsi qu’aux normes des droits de l’homme qui s’appliquent en Europe.
Il est inconcevable que l’UE ferme les yeux sur les violations répétées des droits de l’homme ayant lieu en Turquie, sur l’arrestation de journalistes, d’avocats, de médecins, de citoyens ordinaires, simplement parce qu’ils contestent le régime d’Erdogan.
Le dossier sur cette question, qui sera soumis aux États de l’UE à l’occasion du prochain Sommet, sera particulièrement volumineux.
5. Génocide politique des Kurdes
Pour terminer, il est essentiel d’évoquer la question de la persécution des Kurdes, car il s’agit peut-être du seul cas au monde où un État qui revendique avec arrogance l’égalité politique pour une minorité de 180 000 personnes à Chypre – soit 18% de la population de l’île -, ne reconnaît pas les mêmes droits à une autre minorité, celle-là de 20 millions de personnes, et la prive même de ses droits fondamentaux.
La Turquie refuse aux Kurdes jusqu’au droit à l’éducation dans leur langue maternelle, alors qu’ils vivent depuis des milliers d’années dans la région, tandis que les Turcs n’y sont que des envahisseurs arrivés postérieurement.
Il faut rappeler que le gouvernement turc, auquel Abdullah Ocalan fut remis à Nairobi en 1999, avait promis aux États-Unis qu’il permettrait aux Kurdes d’exercer des activités politiques et de s’exprimer. Mais Ankara n’a pas tenu parole : ces dernières années, l’État turc a arrêté et emprisonné les dirigeants du Parti démocratique des peuples (HDP), des dizaines de députés et des maires élus avec près de 80% des suffrages, qu’il a remplacé par des commissaires d’État. Il a également arrêté et emprisonné des milliers de politiciens du HDP et les membres d’organisations de masse représentant le peuple kurde.
Cette tragédie du nettoyage ethnique des Kurdes par Ankara doit cesser. Parce qu’ils n’ont pas leur propre État pour dénoncer les massacres et les violations de leurs droits, nous ne les laisserons pas seuls sous le joug des Turcs. Que les États-Unis, la Russie et l’Union européenne prennent leurs responsabilités et cessent de jouer à des jeux politiques sur le dos d’un peuple de 40 millions d’âmes.
*
Il est aujourd’hui essentiel que les dirigeants et les diplomates européens comprennent que le problème de la Turquie islamiste expansionniste d’Erdogan n’est pas seulement celui de la Grèce, de Chypre ou de l’Arménie, mais celui de l’UE. Il convient donc qu’ils se mettent en ordre de bataille à l’occasion du prochain sommet.
Jusque-là, ni Athènes ni Nicosie n’ont été entendus. Nos deux pays n’ont bénéficié ni de la compréhension ni du soutien des États membres de l’UE qui ont longtemps considéré que la « question turque » ne les concernaient pas. Heureusement – ou malheureusement – les événements internationaux survenus au cours de l’année 2020 viennent démontrer le contraire.
Il est temps que les choses changent…
Source : Centre Français de Recherche sur le Renseignement
[1] Ancien colonel (armée de terre) du renseignement grec ayant servi six ans en Turquie, aujourd’hui consultant en géopolitique pour les médias grecs et éditorialiste pour la presse écrite. Il est l’auteur de La reddition d’Abdullah Ocalan (2007) et co-auteur de MIT : Les services secrets turcs (à paraître en 2021).