ARRÊTER L’HORLOGE DE L’APOCALYPSE !

Notre professeur d’astronomie nous disait souvent : « Si les êtres humains avaient conscience de la fragilité de la croûte terrestre, ils ne dormiraient pas la nuit. »
Ces propos ont déjà plus de 70 ans, date à laquelle les hommes n’exploitaient pas autant les entrailles de la Terre.

Nersès Durman-Arabyan

La superficie globale de la Terre est de 510 millions de Km² dont 360 millions sont constitués par les océans.

Il y a environ 20.000 ans, le niveau de la mer était à 130 m au-dessus du niveau actuel. Composé de fer dur et pur solide, le noyau de la Terre est recouvert de différentes couches de substances liquides et gazeuses. Cet ensemble est renfermé sous la croûte terrestre faite de plaques tectoniques qui glissent les unes sur les autres, provoquant des tremblements de terre.

Sur une longueur de 6.500 Km suivant la ligne de fracture de la plaque tectonique océanique, une chaîne de volcans crache en permanence des gaz et autres substances à 2.500 m de profondeur. Si la température de l’eau est de 5 à 6 °C à 100 m de cette zone, à 2.500 m de profondeur la température de l’eau monte à plus de 80 °C. C’est la condition idéale pour cuire un œuf en quelques minutes.

En 2010, l’explosion d’une plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique avait causé la mort de 10 personnes. Le pétrole avait jailli d’une profondeur de 1.200 m où la pression de l’eau sur la bouche du puits était de l’ordre de 120 bars, rendant impossible de colmater la fuite ; le pétrole se trouvait à 10.000 m de profondeur.

Les multiples extractions de pétrole et de gaz se pratiquent tant en mer que sous terre. Cette énergie exploitée dans plusieurs pays représente une manne pour chacun d’entre eux, sans oublier le profit des compagnies pétrolières.

À la recherche de nouveaux moyens de forage pour produire plus, l’homme joue avec le feu. Il ne recule devant rien pour conserver son mode de vie. Afin d’extraire du gaz de schiste et ne plus déprendre du pétrole, certains pays pratiquent le fractionnement des roches dans des profondeurs impressionnantes. Il est à craindre qu’à force de triturer les entrailles de notre Terre, l’homme brise le fragile équilibre de la Nature tout en polluant les nappes phréatiques.

Alibi des écologistes, même le recours à certaines énergies renouvelables comme l’éolien industriel est un leurre, car plus préjudiciable à l’environnement pour un résultat infime.

Que dire de l’empoisonnement des terres cultivables par les produits de l’industrie chimique qui tuent à petit feu le sol, la faune et les plantes, les agriculteurs et les consommateurs.

N’a-t-on pas fait de la Terre un enfer ?

Nonobstant le danger créé par l’homme pour ses intérêts personnels, il met par extension en péril l’avenir de l’humanité entière.

Que les bombes atomiques détenues par plusieurs États puissent détruire plusieurs fois la Terre est une notion bien ancrée dans les esprits. Et beaucoup se polarisent sur ce type de destruction massive lors d’une dernière guerre qu’elle soit limitée ou totale entre deux puissances nucléaires.

Il est nécessaire dans cette optique que tous les protagonistes de ce mortel scénario s’assoient autour d’une table pour négocier un moratoire sur la prolifération atomique et le risque de guerre en travaillant pour la Paix. L’argent dépensé pour le réarmement serait plus utile, s’il était consacré au bien-être des populations. Les pays qui n’ont pas subi les horreurs de la guerre sur leur sol ne se rendent pas compte de la gravité de cette situation.

Entre le péril nucléaire et la dégradation graduelle de notre Nature pour préserver notre train de vie, nous devons agir avec intelligence.

À ce jour, c’est plutôt l’ambition, l’appât du gain ou la folie meurtrière qui ont guidé des hommes de pays dits civilisés pour mettre le monde à feu et à sang en 1939 ou le contaminer en larguant des bombes atomiques sur des populations civiles ou en utilisant des armes à uranium appauvri.

Notre Terre est un cadeau précieux, il faut la protéger fussent au prix de quelques sacrifices par chacun d’entre nous ; et transformer cet Enfer que nous avons généré en un Paradis que tous espèrent.

Nersès Durman-Arabyan
Antony, le 9 mai 2019

BEN KİM İM ?

Azınlıklarımı canım gibi koruyan

Avrupa Birliğinin giriş sahnesini gözleyen

Kıbrıs adasını çatlatan

Aya Sofya Kilisesinde namaz kılan

Cami kubbesini siper alan

Minareyi de kılıç gibi kullanan

Eski Sovyet, Türk ülkelerini birleştiren

Türk Imparatorluğunu kurmaya gayret eden 

Irak – Suriye petrolına hakim olmaya amaçlayan

Suriye’de Rusyanın uçagını yere indiren

BEN RECEP TAYYIP ERDOĜAN

    • Karada kaplan
    • Denizde kaptan
    • Havadan atan

Var mı bana yan bakan?

Nerso
Avril 2019

WHO AM I?

Protecting in all good conscience my minorities

Wholeheartedly hoping for my country to integrate the European Union

Continuing to divide the island of Cyprus into two parts

Preferring to use St Sophia Cathedral to pray

Taking shelter under the dome of mosques as a shield

Using the minarets as my swords

Advocating unification with the Turkish speaking republics of the Former Soviet Union

Eager to reestablish a new Turkish Empire

Seizing the oils of Iraq and Syria

Shooting down the Russian bomber in Syria

I RECEP TAYYIP ERDOĜAN

    • A tiger on the Earth
    • A pirate of the seas
    • An assailant of the skies

Is there someone who can look at me with suspicion?

Nerso
Avril 2019

QUI SUIS- JE ?

Erdogan

Protégeant de toute mon âme mes minorités

Espérant de tout cœur l’entrée de mon pays dans l’Union Européenne

Continuant à couper l’île de Chypre en deux

Préférant la Cathédrale Sainte Sophie pour prier

M’abritant sous la coupole des mosquées comme sous un bouclier

Me servant des minarets comme épées

Prônant l’unification avec les anciennes républiques turcophones de l’ex-union soviétique

Désireux de rétablir un nouvel Empire turc

Désireux d’approprier le pétrole irako-syrien

Abattant un avion russe à la frontière Syrienne

RECEP TAYYIP ERDOĜAN

    • Un Tigre sur la Terre
    • Un Écumeur des Mers
    • Un Aigle dans les Airs

Y-a-t’il encore quelqu’un qui puisse me regarder de travers ?

Nerso
Avril 2019

MAFP COMMUNIQUE

Le Génocide des Arméniens a débuté il y a 104 ans par la rafle des intellectuels arméniens de Constantinople.

Le plan d’extermination des Arméniens par ses bourreaux n’aura pas réussi à effacer l’existence de tout un peuple. Malgré l’horreur, l’Arménie est toujours là, debout, plus forte encore. Et les Arméniens n’oublient pas les leurs, tombés dans les déserts, sans sépulture.

Le 13 avril 2019 à 16h30, dans le Parc de Sceaux (Antony), lors d’une cérémonie du souvenir devant l’Aigle d’Arménie (œuvre de Toros), nous avons déposé une gerbe en nous inclinant devant la mémoire de nos martyrs.

Le 18 avril 2019, nous avons offert à la Cathédrale Arménienne un carton de cartes postales pour la collecte du sang afin qu’elles soient distribuées par les jeunes de Paris, Lyon et Marseille. Ces cartes postales avaient été éditées lors du 100ème anniversaire du Génocide des Arméniens et diffusées au mois d’avril 2015.

Le 23 avril 2019, nous avons envoyé ces mêmes cartes postales :

À Monsieur président de la République Française

À Monsieur le Premier ministre

Aux présidents de groupes politiques de l’Assemblée Nationale

Aux présidents des groupes politiques du Sénat

Aux directeurs des journaux de Paris, Marseille, Lyon et au journal Haratch

Et à l’Établissement Français du Sang (EFS)

Nous les avons également adressées aux Ambassades et Consulats des pays suivants :

Arménie, Uruguay, États-Unis, Brésil, Cuba, Venezuela, Liban, Syrie, Jordanie, Égypte, Israël, Australie, Canada, Argentine, Belgique, Suisse, Italie, Serbie, Grèce, Chypre, Espagne, Portugal, Royaume-Uni, Pays-Bas, Danemark, Suède, Allemagne Fédérale, Autriche, Iran, Géorgie, Chine et Russie.

Vous trouverez ci-inclus un message de nos amis grecs et chypriotes pour le 104ème anniversaire du Génocide des Arméniens. Depuis 1974, le tiers de l’Ile de Chypre est soumise à l’occupation de l’armée turque.

Nos amis grecs et assyro-chaldéens furent également les victimes des massacres de masse organisés par le même bourreau, celui des Arméniens.

Nersès Durman-Arabyan
Antony le 25 avril 2019

Hommage à Arsène Tchakarian

Chers amis,

Nous voici réunis autour de la tombe d’Arsène Tchakarian qui repose désormais auprès de ses frères d’armes du Groupe Manouchian.

Arsène Tchakarian

En ce dimanche 24 février, nous sommes venus honorer la mémoire de Missak et de ses camarades exécutés par les nazis en 1944 mais nous sommes également là pour vous cher Arsène qui fut leur compagnon. Vous, le dernier survivant du Groupe Manouchian, vous vous étiez fait une promesse à vous-même, celle d’être présent tous les ans, quel que soit le temps, au cimetière d’Ivry sur Seine pour évoquer les combattants de l’Affiche Rouge.

Pour la première fois, vous n’avez pas pu respecter ce serment mais sachez, cher Arsène, que nous suivrons le chemin que avez tracé et que nous serons présents pour eux et pour vous dans les années à venir comme nous sommes présents aujourd’hui.

Et pourquoi reprendre le flambeau de ce travail de mémoire ?

Nous devons reprendre le flambeau du travail de mémoire parce que plus jamais ce travail est primordial et indispensable. Arsène, vous qui alliez dans les lycées et les collèges pour raconter l’histoire de la Résistance mais aussi celle des Arméniens et du génocide, vous connaissiez l’importance du témoignage et de la transmission.

En ces temps troublés où resurgissent des démons du passé que tous espérions à jamais disparus, il me revient en mémoire une phrase du dramaturge Bertolt Brecht : « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».  Cette bête immonde c’est le rejet des autres, c’est l’antisémitisme, ce sont toutes ces idées nauséabondes contre lesquelles s’étaient levés les héros de la Résistance et qu’ils combattaient avec force et avec rage.

Votre histoire, Arsène comme celle de Manouchian est une page de l’Histoire de France mais aussi de l’Histoire universelle car vous étiez à la fois des Résistants contre l’occupant nazi en France et des rescapés du génocide des Arméniens.

Comment dans ce cas ne pas être choqué par le fiel haineux déversé par un négationniste du Génocide des Arméniens le 21 février dernier sur Manouchian, le jour même de la commémoration de son exécution ?

Tout le travail de mémoire, dans une telle actualité prend alors pleinement son sens pour combattre les négationnistes de tout poil et pour rappeler que la France, notre France celle pour laquelle sont tombés Missak Manouchian et ses camarades est celle des Droits de l’Homme et des valeurs républicaines Liberté, Égalité et  Fraternité.

Votre combat, cher Arsène, nous le continuerons inlassablement pour que le sacrifice des héros de la Résistance ne soit pas vain !

Comité Directeur
Ivry, 24 février 2019

Groupe Manouchian

Missak MANOUCHIAN Cdt. (1er septembre 1906 – 21 février 1944)

Résistant français, fusillé au Mont-Valérien, Missak Manouchian est né dans le village d’Adyaman en Turquie. Rescapé du génocide des Arméniens de 1915, il reste à tout jamais marqué par les atrocités dont il a été le témoin. Cette expérience exalte son talent d’écrivain et de poète. En 1925, il débarque à Marseille.

D’abord ouvrier et journaliste, il adhère au Parti communiste en 1934, puis intègre le groupe arménien de la MOI (Main d’Œuvre immigrée). Après la défaite de 1940, il redevient ouvrier puis responsable de la section arménienne de la MOI clandestine. Versé dans les FTP-MOI de la région parisienne en 1943, il en prend la direction militaire en août, sous le commandement de Joseph Epstein. 

Le coup d’éclat des FTP-MOI a lieu, le 28 septembre 1943, avec l’exécution du général S.S. Julius Ritter, responsable du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) en France.

Missak Manouchian est arrêté en novembre 1943, dans le cadre d’une vaste opération de la police française contre les unités combattantes de la MOI parisienne.

Condamné à mort par un tribunal allemand et désigné comme « chef de bande » sur la fameuse Affiche rouge placardée sur les murs de France, il est exécuté au Mont-Valérien avec vingt-et-un de ses compagnons, le 21 février 1944.

ÉPISODES DE LA VIE DES ARMÉNIENS DE FRANCE

UN PRÉAMBULE INSTRUCTIF

Nersès Durman-Arabyan

Un riche Arménien dit « Enguer Pantchouni » 1 disposant de grands terrains arides en donne une parcelle à son ami pour pouvoir l’exploiter. Son ami, grâce à de grands efforts retourne la terre et y plante des arbres fructueux. Après un certain temps, Enguer Pantchouni constate la transformation de ses terres arides en un terrain cultivé, il reprend son bien sans dédommager son ami.

Cette fable démontre un épisode de la vie de la communauté arménienne embarquée sur un frêle esquif sans itinéraire précis et qui se laisse porter sur une mer démontée au gré des vagues.

PASSÉ DE LA COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE DE FRANCE

Sous l’occupation ottomane, la population de l’Arménie fut victime d’innombrables massacres de 1894 à 1896 puis en 1909. Mais ce fut à partir du 24 avril 1915 qu’elle reçut le coup de grâce par les Jeunes Turcs qui organisèrent la déportation et l’extermination de plus d’un million d’Arméniens. Un petit nombre de ces Arméniens trouva refuge en Arménie orientale sous l’empire russe. Quant aux autres rescapés, ils furent éparpillés dans le monde entier.

En 1944, le juriste juif polonais Raphael Lemkin allait qualifier ces massacres de « Génocide » terme que les Juifs allaient également utiliser avant d’adopter celui de « Shoah ». En 1920, les Arméniens rescapés du Génocide arrivèrent par plusieurs groupes en France. Pour ces Arméniens dépaysés, l’intégration s’avérait compliquée car ils ne connaissaient ni la langue ni les coutumes, seule la religion chrétienne dominante en France était un gage de sécurité.

Les Arméniens sont connus pour leur courage et la qualité de leur travail ; ainsi ils ne dédaignèrent aucun emploi qui leur était proposé tant dans l’industrie que dans l’agriculture. Pendant 30 ans, la communauté arménienne de France s’est développée, elle a construit des églises, des écoles et des centres culturels. L’activité des partis politiques arméniens était conforme aux dispositions des lois en vigueur. Le 24 avril 1915 était pour le peuple arménien une date remarquable, un jour de deuil que les églises apostolique, catholique et protestante évoquent ensemble. Le 24 avril est pour la communauté arménienne tout entière la date du deuil national.

PRÉSENT DE LA COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE DE FRANCE

La veille du 50ème anniversaire du génocide des Arméniens, le président de la J.A.F. (Jeunesse Arménienne de France) publiait une tribune qui stipulait que le 24 avril devait cesser d’être une journée de deuil, de prières et de larmes mais devenir une journée de lutte, de combat et de revendications.

Il s’agissait dorénavant de faire reconnaître la réalité du Génocide des Arméniens, de lutter contre tous les sordides négationnistes et ce en hommage et mémoire des 1,5 millions de martyrs qui dorment sans sépulture.

Après la mort de Staline en 1953, les persécutions avaient cessé en Arménie par conséquent le peuple arménien commençait à respirer. À l’occasion du 50ème anniversaire du Génocide des Arméniens, à la mémoire des martyrs de 1915 fut érigé un monument gigantesque à Dzidzenagapert ainsi qu’un musée du Génocide à Erevan.
En France, des manifestations de masse furent organisées dans les grandes villes du pays.

Dans les années 70-80, les formations M.N.A. (Mouvement National Arménien) et l’A.S.A.L.A. (Armée Secrète Arménienne de la Libération de l’Arménie) allaient porter le Génocide des Arméniens sur la place publique. L’A.S.A.L.A. était une organisation qui menait la lutte armée contre les représentants diplomatiques turcs. Certaines attaques firent malheureusement des victimes collatérales, des personnes innocentes ce qui discrédita quelque peu la cause qu’elle défendait. Ce fut une période de réveil en France, les associations de jeunesse avaient commencé le travail pour la reconnaissance du Génocide.

En 1995 se formait en France, le comité 24 avril 1915 avec plus de 20 organisations arméniennes y compris les partis politiques historiques. Le but de ce comité était de faire reconnaitre le Génocide des Arméniens par les hautes autorités françaises. En France, le comité 24 avril avait réussi à faire inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale la question de la reconnaissance du Génocide des Arméniens par la France.

Le texte avait été voté par l’Assemblée nationale le 29 mai 1998 mais devait également l’être par le Sénat pour avoir force de loi. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Dépité par cette situation, le président du comité 24 avril avait convoqué une réunion extraordinaire qui s’était déroulé dans la salle du Yan’s club à Paris.

Le président interrogea chacun des représentants d’associations présentes pour avoir leur avis sur la façon de sortir de l’impasse. Nous avions indiqué en ce temps, tant que la question du Génocide des Arméniens resterait dans la sphère arméno-arménienne, il n’y aurait aucune issue positive et qu’il ne fallait pas se faire d’illusion. Par contre, l’implication des partis politiques et des syndicats français pourrait nous permettre d’aboutir à nos fins. Dès qu’il entendit notre proposition, Enguer Pantchouni bondit de son siège comme s’il avait un ressort sous son séant et s’inscrivit en faux, déclarant de façon péremptoire que la reconnaissance du Génocide des Arméniens ne devait et ne pouvait être réalisée que par les propres forces arméniennes.

Cependant, le président et la majorité des membres ayant accepté notre proposition, notre association M.A.F.P. sollicita par conséquent le soutien des partis politiques et des syndicats français. Tous les partis et syndicats répondirent positivement sauf un syndicat qui refusa d’apporter son soutien et après enquête, nous nous rendîmes compte qu’il avait beaucoup de travailleurs turcs parmi ses adhérents.

Le Parlement français vota finalement la loi reconnaissant le génocide vu que cette question était sortie de la coquille arménienne et était devenue une affaire française. Le 18 janvier 2001, la France reconnaissait officiellement le Génocide Arménien. Rappelons-nous que le premier pays au monde ayant reconnu le Génocide des Arméniens fut l’Uruguay le 20 avril 1965.

Il y eut une grande réjouissance dans la communauté franco-arménienne entre l’ecclésiastique et le laïc, l’intellectuel et le manuel, le français et l’arménien, tous s’embrassaient. Le travail que nous avions mené ne devait pas s’arrêter à mi-chemin, il fallait maintenant assurer la reconnaissance du Génocide des Arméniens dans le monde entier.

Le comité du 24 avril se transforma et devint C.C.A.F. (Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France) le 24 avril 2001. Afin d’optimiser cette nouvelle association, il aurait fallu la doter de statuts.

Le C.C.A.F. avait organisé une réunion dans les locaux de l’U.G.A.B. pour élaborer les statuts de la nouvelle association. Soudain Enguer Pantchoui proposa un document qu’avait élaboré son équipe. Or, force fut de constater qu’il ne s’agissait pas de statuts mais bel et bien d’une constitution. Nous avons donc refusé ce document arguant de fait qu’il n’était pas utile de créer un État arménien hors de l’Arménie. Finalement ce sont les statuts du C.C.A.F. qui furent adoptés.

À l’occasion de la commémoration du 60ème anniversaire de l’exécution de Missak Manouchian, M.A.F.P. avait préparé le 6 février 2004 des cartons d’invitation pour se rendre au cimetière d’Ivry où avait lieu la cérémonie.

Comme il restait de l’espace libre sur ce carton, le président de M.A.F.P. décida d’inclure un encart impliquant le C.C.A.F. Lors de la réunion suivante du C.C.A.F, Enguer Pantchouni. s’emporta, accusant M.A.F.P. d’usurper le nom du C.C.A.F. pour sa propre publicité et réclama officiellement l’exclusion de l’association du Conseil.

D’après les statuts du C.C.A.F., un membre fondateur ne pouvait être exclu. Cependant, les discussions mesquines, le chantage et le marchandage commencèrent, au grand dam de M.A.F.P. Ainsi, le directeur d’un journal patriotique plutôt que de soutenir l’association proposa de muer l’exclusion définitive en une exclusion de 6 mois seulement. Cela fut d’autant plus douloureux pour les membres de M.A.F.P. que ce journal était aussi leur création, mais force fut de constater que l’intérêt général s’efface devant l’intérêt particulier. Enguer Pantchouni continuait à fanfaronner et à menacer de quitter le C.C.A.F. avec tous ses satellites, si M.A.F.P. n’était pas exclu. Face à une telle détermination et par souci d’apaisement, nous avons préféré partir de cette association que nous avions fondée à part égale avec d’autres.

Le C.C.A.F. devenait ainsi la chasse gardée d’Enguer Pantchouni et de ses acolytes.
Pendant plus d’un an, hors du C.C.A.F. nous avons poursuivi nos activités.
Le nouveau président du C.C.A.F. nous proposa de réintégrer l’institution après un an de purgatoire, il est fort probable qu’Enguer Pantchouni n’ait pas réussi à faire main basse sur le système. Une année avant la commémoration du centenaire du Génocide des Arméniens, le C.C.A.F. avait demandé à chaque association quel serait leur projet. Notre association avait préparé un projet de collecte de sang en mémoire des victimes du Génocide. Malheureusement, celui-ci ne reçut pas l’approbation de l’institution. Par conséquent, M.A.F.P. décida de mener ce projet avec ses seules forces humaines et financières. Ainsi 5.000 cartes postales furent éditées en français et envoyées à toutes les institutions nationales et internationales.

Nous contactâmes l’E.F.S. (Établissement Français de Sang) le 29 septembre 2014 puis nous nous rendîmes dans leur centre pour présenter notre projet qui attira toute leur attention. Les responsables de l’E.F.S. proposaient de faire du mois d’avril, le mois des génocides. Que s’est-il passé pour que cette coopération pourtant si aboutie ait eu si peu d’écho ? Cela reste une énigme pour nous. L’E.S.F. nous a communiqué les lieux et dates des collectes que nous avons diffusés auprès du public. Il est fort probable que certaines forces obscures ne voulant pas de ce projet de collecte de sang aient sciemment fait échouer cette action.

Comme nul n’est prophète dans ce pays, la collecte de sang a eu des échos positifs et des répercussions à l’étranger en Suisse, au Canada, en Australie contrairement aux médias de la communauté arménienne de France.

AVENIR DE LA COMMUNAUTÉ ARMÉNIENNE DE FRANCE

Avant d’étudier l’avenir de la communauté arménienne de France observons un fait sans précédent qui avait effrayé le monde entier : la Seconde guerre mondiale de 1939-1945. L’Allemagne avait occupé presque toute l’Europe, la France était coupée en deux zones, la zone occupée par les nazis et la zone « libre » sous l’autorité de Vichy. Le Royaume-Uni avait échappé à l’occupation allemande et c’est dans ce pays que se constituaient les gouvernements européens provisoires en exil. Le 18 juin 1942 général Charles de Gaulle avait créé les Forces Française Libres et appelé à la Résistance contre l’occupant nazi et la France de Vichy.

En France, Missak Manouchian membre des F.T.P. M.O.I. était le chef d’un groupe de résistants composé de Juifs, d’Arméniens, d’Italiens, d’Espagnols, de Polonais qui mena plusieurs actions dans la région parisienne. Manouchian, avec la collaboration d’Arsène Tchakarian, avait organisé l’attentat contre le général de l’armée allemande Julius Ritter. Après la mort de Ritter, le 28 septembre 1943, Hitler proclama 3 jours de deuil national. Julius Ritter n’était donc pas le simple recruteur du S.T.O. en France, sa mission était bien plus importante, il avait été envoyé pour recruter par la force des spécialistes dans le domaine nucléaire. Ces scientifiques auraient permis à l’Allemagne de se doter de l’arme nucléaire. L’exécution de Ritter a marqué un coup d’arrêt à la progression scientifique de l’Allemagne nazie.

La Wehrmacht avait occupé presque la totalité de la partie européenne de l’U.R.S.S. Dans l’armée rouge, il y avait près de 600.000 Arméniens – des soldats, des officiers et des généraux.

L’armée allemande avait assiégé la ville de Stalingrad le 17 juillet 1942. À cette époque la Turquie était officiellement neutre, mais son armée – 26 divisions- était néanmoins alignée à la frontière de l’URSS prête à pénétrer dans le pays et à attaquer l’Arménie soviétique dès l’annonce de la chute de Stalingrad. La résistance soviétique et la capitulation allemande à Stalingrad le 2 février 1943 sonnèrent le glas du Grand Reich mais surtout sauva l’Arménie d’une attaque turque.

Quant à la communauté arménienne de France, il est très difficile de la mettre sur le droit chemin entre intrigues et corruptions, elle aurait besoin de personnes incorruptibles, intègres et actives. Dans le passé, le comité du 24 avril, avec une conduite exemplaire et une coopération sans précédent a fait reconnaître le Génocide des Arméniens par les autorités françaises.

L’Arménien doit se défaire de sa peau de nationaliste qui l’étouffe et comme le disait Charles Aznavour être 100% arménien et 100% français mais en gardant toujours à l’esprit qui il est et d’où il vient.
Depuis un siècle, l’Arménien qui a développé l’idée d’une France chevaleresque, pays de liberté, d’égalité et de fraternité doit maintenant en étudier le système dans tous ses aspects.

En France, les municipalités représentent la plus petite cellule d’un pays. Les Arméniens en s’intégrant dans les conseils municipaux se rendent compte comment est dirigé le système municipal. Les Arméniens selon leur sensibilité peuvent s’intégrer et travailler avec tous les partis politiques. En France, il y a plusieurs milliers de municipalités où résident des Arméniens.

Un Arménien qui fait partie d’une organisation historique arménienne doit abandonner au seuil de l’entrée du conseil municipal sa tunique partisane. Dans l’enceinte du conseil municipal, un Arménien avec son expérience avancée pourra mettre sur pied le C.F.A. (Comité Franco-Arménien). Les amis français seront les bienvenus dans le C.F.A. sans distinction de leur appartenance politique. Le C.F.A. étant une formation apolitique, il reste en dehors des courants politiques.

Voir ci-joint en P.D.F. « L’intégration et la représentativité des Arméniens de France ».

Nersès Durman-Arabyan
Antony, le 3 janvier 2019

1 Dans la langue arménienne le dicton de Yervant Odyan « Enguer Pantchouni » représente un caractère humoristique et satirique mais il est plus souvent utilisé dans la version humoristique.

CHARLES AZNAVOUR : DISPARITION D’UN GÉANT

Assis sur une tombe dans un cimetière, un bedeau sirote son vin. Il voit l’abbé passer en courant dans une allée. Il appelle ce dernier pour partager un verre de vin. L’abbé lui répond qu’il n’a pas le temps avec tout le travail qu’il a à faire. Le bedeau lui dit : « Croyez-vous que tous ceux qui reposent ici ont eu le temps de terminer leur tâche ? »

Charles Aznavour avait bien organisé sa vie professionnelle. Malheureusement à l’âge de 94 ans, il disparaît avec des projets plein la tête et une promesse non tenue, celle de fêter son centenaire sur scène.

Charles Aznavour

À l’annonce du décès de Charles Aznavour, ce sont tout d’un coup des dizaines souvenirs qui se bousculent dans ma tête. Je ferme les yeux puis soudain des images me reviennent comme des flashs d’un passé désormais révolu, mais toujours si présent dans mon cœur.

Arrivé seul en France en 1948 avec mon petit baluchon, j’ai eu le bonheur d’entrer dans une famille, je devrais dire une tribu qui m’a tout de suite adopté. La famille de ma femme Nelly, les Parseghian-Papazian avec à leur tête le patriarche Sérovpé Papazian, celui qui, à Constantinople, avait recueilli sa cousine Knar, la mère de Charles.

Comment oublier ce 28 février 1954, le jour de notre mariage, lorsque Charles empruntait la voiture d’Edith Piaf pour nous conduire, Nelly et moi, à la cathédrale arménienne de la rue Jean Goujon puis, à l’issue de la cérémonie, aux studios Phébus pour faire les photographies ?

Charles devait aussi nous accompagner chez mes beaux-parents Raphaël et Mannig Parseghian pour un repas de fête qui allait durer trois jours. Autour du grand-père Sérovpé, la famille Aznavour, Micha qui chantait et jouait du tar, Knar, Aïda qui chantait du Sayat Nova ainsi que beaucoup d’amis qui fréquentaient régulièrement les lieux comme l’écrivain Archag Tchobanian. Une vie de bohème, une vie de bonheur.

Comment pourrais-je oublier la grande empathie d’Aïda qui, comprenant ma tristesse, resta près de moi pour atténuer ma mélancolie, parce que j’étais seul à mon mariage, aucun membre de ma famille restée en Turquie n’ayant pu faire le déplacement à cette occasion. Lorsque par nécessité, nous dûmes partir nous installer à Lyon, Charles vint nous rendre visite car les liens qui l’unissaient à mon épouse étaient certes éloignés d’un point de vue généalogique mais très proches du point de vue des sentiments. Ainsi les familles Parseghian-Papazian eurent toujours une place privilégiée dans le cœur des Aznavour.

Les anecdotes ne manquent pas quant à l’esprit vif et acéré qui était le sien. Alors que Nelly ne remarquait pas la rhinoplastie qu’il avait subie, Charles finit par s’exclamer au détour d’une phrase « néanmoins » pour lui faire comprendre que son nez avait été raboté. Malgré les nombreuses moqueries et médisances dont il fut victime, Charles, à force de ténacité et de rigueur réussit à se hisser en haut de l’affiche. Il fut un géant de la chanson française et il sut utiliser sa pugnacité comme sa notoriété au service de l’aide humanitaire.

En 1989, après le tremblement de terre, il mobilisa ses amis artistes pour enregistrer cette magnifique chanson composée par Georges Garvarentz « Pour toi Arménie ». Le clip de cette chanson écrite par Charles fut magistralement réalisé par le cinéaste Henri Verneuil.

En ce 1er octobre 2018, Charles s’est envolé, il a rejoint sa cousine Nelly qui l’aimait tant ainsi que ses parents, son fils Patrick et son beau-frère Georges.

Nersès Durman
Antony – 9 octobre 2018

L’église circoncise de la Sainte Croix d’Aghtamar

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Eglise Sainte-Croix Aghtamar

La culture c’est l’ADN d’une nation. L’extermination d’un peuple plusieurs fois millénaire pour s’approprier son héritage est voué à l’échec. L’ADN d’une nation révélera toujours son identité. En conséquence, la culture arménienne restera à jamais vivante dans la mémoire universelle.

Tout au long de l’histoire, les collectivités humaines ont vécu dans différentes contrées. Elles y ont créé leur culture, leur religion, et par conséquent des symboles qui représentent leur identité. L’UNESCO est une organisation internationale qui consacre des fonds pour rechercher et préserver le patrimoine de l’Humanité. Plusieurs fois millénaire, le peuple arménien, qui fut l’objet de bon nombre de persécutions et de massacres, a affirmé son identité dans les registres de la mémoire universelle. En Arménie, le seul vestige qui demeure de l‘époque païenne est le temple de Garni. Après avoir opté pour le christianisme comme religion d’État en 301, l’Arménie a construit des églises ; certaines reposent sur les fondations de temples païens, c’est le cas de la Sainte Église d’Etchmiadzine. L’Arménie historique a compté des milliers d’églises, de monastères, de chapelles, d’écoles et d’hôpitaux. Après le génocide de 1915, tous ces vestiges ont été détruits comme pour en effacer l’existence. La ville d’Ani que les Turcs appellent « Ane » ce qui signifie « Souviens-toi » se trouve sur l’actuel territoire de la Turquie. Ani était célèbre pour ses mille et une églises. Ancienne capitale de l’Arménie, elle fut complètement détruite.

Suite à l’anéantissement des Arméniens sur leurs terres ancestrales, leurs églises furent dans le meilleur cas reconverties en étables ou en granges. Au milieu du lac de Van, sur l’île d’Aghtamar (« Ak Damar » pour les Turcs, à savoir « la veine blanche »), les Arméniens avaient érigé au 10ème siècle une église, celle de la Sainte Croix. Cet édifice nécessitait des travaux de restauration. La Turquie les entreprit et, le 29 mars 2007, le bâtiment fut inauguré comme musée. La croix dressée sur son dôme avait été supprimée afin de ne pas donner au lieu son caractère sacré. Ainsi, la Turquie avait circoncise l’église la Sainte Croix d’Aghtamar, qui reste et demeure un symbole dans la mémoire nationale arménienne. Pour les Arméniens, il existe un nombre incalculable de vestiges qui ont subi le même sort, la même amputation, comme ces cohortes de femmes et ces jeunes filles enlevées, torturées et violées sur les routes de l’exode. Depuis 92 ans, les rescapés de ce peuple génocidé qui ont constitué partout dans le monde une diaspora ont été les témoins oculaires de la tragédie de 1915.

La Turquie ne se servirait-elle pas de l’inauguration de l’église musée de la Sainte Croix d’Aghtamar pour faire valoir aux yeux du monde son attachement aux valeurs universelles ?

La Turquie actuelle, candidate aux examens d’entrée dans l’Union européenne, a concédé quelques libertés de façade à son peuple. Après l’assassinat de Hrant Dink, plusieurs milliers de Turcs se sont réveillés pour sortir de leur engourdissement. En Asie mineure (Anatolie), des centaines de milliers d’Arméniens islamisés recherchent leurs racines, leurs ancêtres, leur passé. Le gouvernement turc ne leur mettra-t-il pas des bâtons dans les roues afin d’empêcher ceux d’entre eux qui le désireraient de se faire baptiser dans l’église de Saint Grégoire l’Illuminateur ?

Nersès Durman
Septembre 2014