Agop Terzan – In Memoriam

Il avait les yeux dans les étoiles

L’astrophysicien, Jacques Agop Terzan vient de les rejoindre pour l’éternité. 
Né à Istanbul en 1927, il avait obtenu son baccalauréat en sciences mathématiques et astronomiques en 1945.

Titulaire d’une maîtrise en astronomie en 1949 et d’un doctorat de l’Université de Lyon en 1965, il découvrira des centaines d’étoiles, dont Terzan 5 et Terzan 7 (en 1968).

Il était membre du Comité national d’astronomie Français et de l’Union astronomique internationale (UAI).

Il nous a quittés le 4 avril 2020.

Nous adressons nos sincères condoléances son épouse Marie Ange, et à ses enfants Laurence, Frédérique et Richard.

Nersès Durman-Arabyan
Paris, le 5 avril 2020

Patrick Devedjian – In Memoriam

Le 28 mars 2020, nous avons appris avec tristesse le décès de Patrick Devedjian, ancien maire d’Antony et Président du Conseil Départemental des Hauts-de-Seine.

Quelques jours auparavant, hospitalisé à l’Hôpital Privé d’Antony, il saluait le dévouement du corps médical dans sa lutte contre le Coronavirus.

Né en 1944, Patrick Devedjian était avocat au barreau de Paris. Membre du RPR, dont il fut le porte-parole, puis de l’UMP, il était l’un des proches de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy.

Élu député de la 13ème circonscription des Hauts-de-Seine et maire d’Antony, il restera toujours fidèle à ses origines

Présent aux commémorations du 24 avril lors desquelles nous avions le plaisir de le rencontrer, Patrick Devedjian était un ardent défenseur de la cause arménienne. On se souvient de son vibrant discours au Palais Bourbon lors de l’adoption de loi par laquelle la France reconnaissait en 2001 le Génocide des Arméniens.

Soutien du Fonds Arménien de France, il participera à des initiatives de développement économique en Arménie. La communauté arménienne de France perd un de ses plus grands représentants ; l’Arménie un de ses fils ; la France un homme politique courageux et engagé.

Nous adressons nos sincères condoléances à son épouse Sophie, à ses enfants et à ses petits-enfants et à toute sa famille.

Nersès DURMAN

1937 RÉFÉRENDUM DE HATAY [1] 2020 RÉFÉRENDUM DE CHYPRE ?

Le 22 juillet 1974, les forces armées turques attaquèrent l’île de Chypre et occupèrent 30% du territoire du pays.  Faisant fi de la décision du Conseil de Sécurité de l’ONU de libérer les terres conquises, les autorités d’Ankara continuèrent à installer des colonies turques sur les territoires chypriotes occupés. Cette partie de l’île proclama son indépendance et forma un gouvernement turc de Chypre. Depuis plus de 45 ans, Chypre reste coupée en deux.

Dernièrement, le président de la République Turque de Chypre, Mustafa Akinci a eu un entretien avec un journaliste anglais du Guardian ; il lui a fait des révélations sans précédent provoquant une indignation dans les milieux gouvernementaux de Turquie :

« En définitive, la Turquie désire avaler la république turque de Chypre en la réduisant à un département de Turquie, lui (Mustafa Akinci) ne deviendra pas un deuxième Tayfon Sökemen, président de la République de Hatay, quand en 1937 la Turquie organisa un référendum et transforma la République de Hatay en un département de la Turquie. »

Suivant les réflexions de Mustafa Akinci, il nous semble qu’afin de réunir les deux communautés de Chypre, grecque et turque, les autorités mixtes veulent mettre sur pied une République Fédérale de Chypre composée de deux gouvernements. Or le désir de la Turquie serait d’organiser un référendum dans la communauté turque de Chypre pour annexer la République turque de Chypre et pourquoi pas l’ensemble de l’île ?

Après le Génocide des Arméniens de 1915, avec 1,5 millions de victimes, certains rescapés continuaient de vivre sur leur sol natal au milieu des ruines de leurs églises et de leurs écoles détruites mais précieusement conservée car elles étaient les vestiges d’un passé millénaire en particulier dans le sandjak d’Alexandrette.

Cette région aujourd’hui connue sous le nom de « Hatay » où vivaient encore, en 1937, des Arméniens profondément attachés à leurs terres d’origine fut offerte à la Turquie. Cependant, Hatay conservait un statut de territoire autonome, c’est la raison pour laquelle, les autorités turques voulurent organiser un référendum pour annexer cette région ; elles escomptèrent obtenir l’adhésion des Arméniens de cette région. Une personnalité arménienne devait servir d’agent de liaison entre le pouvoir turc et le prélat de l’église arménienne. L’intermédiaire prit donc rendez-vous avec Monseigneur Kevork Arslanyan et lui transmit le vœu des autorités turques afin d’obtenir les votes des Arméniens lors du référendum. Il était explicitement demandé aux prêtres de se prononcer pour la Turquie lors des prêches et des homélies pendant les messes du dimanche dans les églises. Profondément ulcéré par cette requête, Monseigneur Kevork Arslanyan refusa d’accéder au souhait des autorités turques. La nouvelle du refus du prélat se propagea dans la ville de Hatay.

À cette époque, un pharmacien arménien du nom de Mihran Bursaliyan effectuait son service militaire dans l’armée comme officier (son fils Hamparsum fut mon camarade de classe à l’école arménienne d’Istanbul). Tout à fait par hasard, ce pharmacien entendit des rumeurs selon lesquelles un attentat se préparait contre Monseigneur Kevork Arslanyan.  Sans perdre une minute, Mihran Bursaliyan se précipita au domicile du prélat et lui conseilla de quitter rapidement le pays. Monseigneur Arslanyan accepta la proposition. Mihran Bursaliyan fit fabriquer un cercueil dans lequel Monseigneur Arslanyan s’allongea et, dans la nuit, le cercueil scellé fut transporté en Syrie. 

En 1940, un journal arménien fut distribué gratuitement dans la communauté arménienne de Hatay mais cela est une autre histoire.

Nersès D.- Arabyan
Paris le 23/02/2020

[1] Dans les livres de géographie des écoles de Syrie Hatay est désigné comme un territoire Syrien.

Version arménienne

LE PRÊTRE CÉLIBATAIRE ARMÉNIEN ET LA PROFESSION DE FOI CHRÉTIENNE

Cathédrale Arménienne St-Jean Baptiste Paris

La religion chrétienne se propagea par l’entremise des apôtres mais elle se heurta aux religions déjà existantes. La religion dominante du christianisme fut le catholicisme qui a pour chef spirituel le pape dont le siège se trouve à Rome. Les églises protestante, orthodoxe et apostolique arménienne font également partie de la famille du christianisme.

En Arménie, durant la période païenne, le roi Apkar fut atteint d’une maladie incurable. Apprenant qu’un homme nommé Jésus réalisait des miracles grâce à des sermons, il sollicita son aide pour se rétablir.

Jésus envoya donc au roi d’Arménie deux de ses apôtres Thaddée et Bartholomée, et miraculeusement le roi Apkar recouvra la santé suite à leur visite, il se convertit alors au christianisme. Cependant après la mort de ce dernier, le paganisme accentua son influence en Arménie.[i]

Le retour en force de la religion païenne eut pour conséquence la persécution des chrétiens et plus particulièrement celle de Saint Grégoire l’Illuminateur qui fut arrêté et jeté dans la fosse de Khor Virab où il demeura durant plusieurs années. Lorsqu’il fut libéré, St Grégoire l’Illuminateur était en bonne santé malgré une incarcération très dure.  Il est fort probable que des chrétiens parmi ses fidèles, lui apportèrent de la nourriture pour survivre.

Les autorités arméniennes en l’an 301, sous le règne de Tiridate III, décidèrent de faire de la religion chrétienne la religion d’État. Ainsi, l’Arménie devenait le premier État chrétien. Cependant si l’État était devenu chrétien, il n’en allait pas forcément de même pour tous les habitants du pays qui continuaient par habitude à se rendre dans les lieux de culte païens délaissant les nouveaux édifices chrétiens. Pour résoudre ce qui constituait un problème important pour les autorités, une seule solution émergea celle de détruire tous les temples du paganisme et de construire les églises chrétiennes sur leurs vestiges. Ainsi, l’Eglise-mère arménienne, St Etchmiadzine se dresse sur les fondations d’un temple païen. Le seul édifice ayant échappé à la destruction fut le temple de Garni.[ii]

Aujourd’hui dans le monde, 90% des Arméniens se revendiquent de la religion apostolique mais parmi eux se trouvent aussi beaucoup de non croyants qui se rendent à l’église pour les fêtes religieuses par tradition plus que par croyance. Les autres Arméniens sont catholiques ou protestants.

L’Eglise apostolique arménienne est sous la tutelle du Catholicos de tous les Arméniens qui réside à Etchmiadzine. La hiérarchie de l’Eglise est la suivante : Kahana, Prêtre marié. Apegha, Prêtre célibataire (Le prêtre célibataire s’il prépare une thèse peut devenir Vartabed). Vartabed, Docteur en théologie (Maître). Yebiskopos, Évêque. Arkyebiskopos, Archevêque. Badriark, Patriarche et Gatoghigos, Catholicos. Nous n’évoquerons par les apéras (abbés) et autres hauts dignitaires religieux qui représentent néanmoins une masse importante du clergé arménien.

Intéressons-nous maintenant aux étudiants des universités de théologie et de l’école Djemaran qui, après leurs études, seront amenés à de hautes responsabilités religieuses.

Seul le prêtre a, dans la religion apostolique arménienne, le droit de se marier et de fonder une famille. La femme du prêtre est appelée Yeretsguine ce qui signifie à la fois âgée et supérieure. Devenu veuf, un prêtre peut accéder à la fonction de Vartabed, on le nommera dans ce cas Chouchtag vartabed. Les mères des hauts dignitaires religieux sont appelées Diramaïr.

Un jeune étudiant en théologie est avant tout un être humain pourvu de tous les sens et ayant des besoins vitaux. Il peut oublier ou occulter ses envies et ses besoins mais il reste avant tout un homme avec ses faiblesses et ses tentations. Nous pensons donc que cette obligation du célibat des prêtres est erreur et que tous les prêtres devraient avoir le droit de se marier à l’instar des curés pour sauvegarder la culture et défendre la religion arménienne. Napoléon 1er supprima, lorsqu’il s’imposa en Italie au XIXème siècle tous les ordres religieux à l’exception de l’institution Mekhitariste des Arméniens de Venise considérant que ce lieu était avant tout un lieu culturel.

Notre sollicitation publique pourrait annihiler tous les maux, toutes les dérives immorales qui aujourd’hui dans le monde empoisonnent les milieux cléricaux.

Nersès Durman – Arabyan
Paris novembre 2019

Version arménienne


[i] Si l’Arménie était restée chrétienne, elle aurait constitué le premier État chrétien contemporain de Jésus.

[ii] A l’entrée du parc de Versailles, près de la statue du roi Louis XIV, se dressent les statues de deux illustres rois d’Arménie Tiridate III et Tigrane.

IL Y A 99 ANS NAISSAIT LA 2ÈME RÉPUBLIQUE D’ARMÉNIE

Mayr Hayastan – Mère Arménie

Lors de la Grande Guerre, l’Empire ottoman, allié à l’Allemagne, mit à profit l’opportunité du conflit pour arrêter et exécuter plus de 600 notables Arméniens de Constantinople le 24 avril 1915. Cette rafle fut le prélude du génocide des Arméniens de l’Arménie occidentale.

Massacres, déportations vers les camps de Syrie, marches forcées, viols allaient causer la mort d’un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants. Les biens des Arméniens furent spoliés, leurs maisons, dans lesquelles selon le commandant turc Kâzim Karabekir les soldats turcs trouvèrent beaucoup de vivres, confisquées et leurs églises détruites.

Le peuple arménien disparaissait d’Anatolie et les traces ancestrales de leur passé sur cette terre évanouissaient aussi.

Certains Arméniens qui avaient fui les persécutions turques trouvèrent refuge en Arménie russe. Cependant, la Révolution bolchévique d’octobre 1917 provoqua le retrait des armées russes des régions occupées d’Anatolie orientale et la menace turque pesa à nouveau sur les Arméniens. En effet, le 28 mai 1918, l’Arménie déclara son indépendance mais cette 1ère République ne devait durer que deux ans car les intérêts géopolitiques divergents des Occidentaux d’une part et des Bolchéviques d’autre part, permirent aux Turcs de mettre en application leur projet d’anéantissement de la nation arménienne. Selon les dires du Premier ministre arménien Simon Vratzian : « Les canons turcs étaient visibles depuis Erevan. »

Conscients du risque de disparition définitive de la nation arménienne à cause des intrigues des États occidentaux, des Arméniens clairvoyants et pragmatiques sollicitèrent l’aide de la Russie. La 11ème armée rouge pénétra en Arménie afin de stopper l’avancée des Turcs. La Seconde République d’Arménie fut proclamée le 29 novembre 1920 et le pays entra dans le giron de la famille soviétique. La petite République allait commencer à redresser son économie et se reconstruire malgré la perte de deux territoires : l’Artsakh et le Nakhitchevan.

La Seconde Guerre Mondiale contre l’Allemagne nazie allait bouleverser la vie du pays. En 1942, lorsque les combats faisaient rage à Stalingrad entre les armées soviétique et allemande, la Turquie, qui avait pourtant proclamé sa neutralité, n’attendait que la défaite de l’URSS pour se ruer sur la petite République d’Arménie. La Turquie avait aligné 26 divisions à sa frontière pour attaquer l’Arménie. La victoire soviétique de Stalingrad sauva l’Arménie d’un assaut turc dévastateur. Il faut cependant rappeler que l’Arménie fut l’une des Républiques de l’URSS à donner proportionnellement à sa population le plus de soldats et d’officiers, soit 600.000 combattants au sein de l’Armée soviétique. 300.000 d’entre eux tombèrent sur les champs de bataille.

Pendant 70 ans, l’Arménie soviétique vécut en paix, malgré la période sombre des persécutions staliniennes dont furent victimes des écrivains et artistes arméniens et certaines vicissitudes du régime soviétique. Le pays connut un certain âge d’or dans les domaines économique, culturel, scientifique et sportif.

Après l’effondrement de l’URSS, l’Arménie déclara son indépendance, le 21 septembre 1991 et elle est également membre de l’Organisation des Nations Unies.

Nous souhaitons que l’année prochaine, le 29 novembre 2020, les autorités de la République d’Arménie célèbrent le 100ème anniversaire de l’Arménie soviétique dont l’existence a sauvé le peuple arménien de la disparition.

Nersés DURMAN-ARABYAN
Paris, le 25 novembre 2019

L’invasion turque en Syrie

Charalambos Petinos – historien

Texte paru dans L’Incorrect

L’invasion turque en Syrie maintes fois annoncée par le président turc Recep Tayyip Erdogan a été lancée. L’ensemble des acteurs dans la région ont semblé pourtant surpris. Si l’on examine les différentes données, les explications sont flagrantes. Cette attaque répond tout d’abord à un aspect impératif de politique intérieure d’Erdogan : les élections municipales – notamment celle d’Istanbul – ont montré les limites de l’erdoganisme. D’abord, l’usure du pouvoir, accompagnée d’une crise économique réelle, renforcée par la présence de 3,6 millions de réfugiés syriens, montre les limites du modèle économique turc qui a longtemps fourni au président turc un argument de poids. Ensuite, l’extrême polarisation de la société turque apparait au grand jour avec son lot de frustrations de plus en plus nombreuses, au sein de l’opposition laïque et kémaliste. Enfin, la perte de vitesse et de poids dans le conflit syrien, faisait craindre au gouvernement turc une éviction pure et simple de ce théâtre majeur d’opération géopolitique, menant éventuellement à la création d’une entité kurde le long de la frontière sud du pays avec la Syrie, longue de plus de 900 kilomètres.

Patrouille turque à Kobané

Les objectifs turcs

Officiellement, la Turquie souhaite créer une zone de sécurité à sa frontière avec la Syrie ; dans l’esprit d’Erdogan cela implique d’en chasser les Kurdes et d’y installer une grande partie des réfugiés syriens sunnites, actuellement sur le sol turc. De cette manière il règle le problème kurde syrien et se débarrasse des réfugiés.

Cependant, procéder au remplacement des populations kurdes du nord de la Syrie par des populations arabes créera un problème qui perdurera dans le temps, avec des frustrations de part et d’autre. Car, comment ces populations arabes pourront-elles se maintenir dans cette région sans le soutien actif de la Turquie ? Et si la Turquie réussit à réaliser cette « zone de sécurité », devra-t-elle rester sur place pour longtemps, peut-être pour toujours ? Cela me fait penser au problème de la division de Chypre. En 1974 la Turquie a mis en avant un beau prétexte pour envahir et occuper la moitié de l’île de Chypre : la restauration de l’ordre constitutionnel et la protection de la communauté chypriote turque ; elle n’a fait ni l’un ni l’autre. Elle a cessé de reconnaitre la République de Chypre et elle a submergé la communauté chypriote turque avec des colons amenés de Turquie, justement pour modifier la structure démographique de l’île et contrôler la communauté chypriote turque. La Turquie est depuis cette date présente sur l’île, avec une armée de plus de 40 000 soldats. Elle n’aura aucune raison d’agir différemment en Syrie, accomplissant un peu plus le rêve ottoman du raïs. Une deuxième possibilité est aussi l’annexion de ce territoire syrien un peu sur le modèle d’Alexandrette.

N’oublions pas, par ailleurs, que la théorie du néo-ottomanisme a survécu politiquement à son initiateur – Ahmet Davutoglu, ancien bras droit d’Erdogan, évincé du pouvoir car il faisait de l’ombre au sultan – qui considérait que seuls deux faits majeurs positifs étaient à mettre au crédit de la République turque kémaliste : l’annexion d’Alexandrette et l’occupation de Chypre.

Pour comprendre le comportement de la Turquie d’Erdogan, revenons un peu en arrière : Tancrède Josseran, dans un très bon article sur la nouvelle politique étrangère turque, intitulé Turquie : repenser l’Empire (https://www.diploweb.com/Turquie-repenser-l-Empire.html) précise : « La République turque a été consacrée en 1923 par une double rupture politique et culturelle. En faisant table rase du passé théocratique et cosmopolite de l’Empire ottoman, Mustafa Kemal. Miroir négatif de l’identité turque, l’islam a été extirpé de la mémoire collective. Religion civique du nouvel État, la laïcité est devenue le point de départ et d’aboutissement obligatoire du projet d’ingénierie sociale des élites kémalistes ». Davutoglu, l’homme qui a théorisé la nouvelle politique étrangère turque, estimait que le retrait et le désintérêt marqué d’Ankara pour l’ancien espace ottoman a créé un décalage. Il considérait que la Turquie moderne née des révolutions menées par Atatürk n’avait rien accompli de bon, excepté l’invasion de Chypre et l’annexion d’Alexandrette.

Afin de situer la question kurde en Turquie, rappelons-nous que la Turquie kémaliste cherchant à homogénéiser son espace national, promulgue dès l’année suivant la déclaration de la République, une loi interdisant toutes les écoles, associations et publications kurdes. L’existence du peuple kurde était niée et sa langue interdite. Des centaines de milliers de Kurdes étaient déportés ou massacrés.

La légère amélioration apparente de la dialectique de l’AKP depuis son accession au pouvoir en 2002 a été vite balayée par le refus de reconnaitre vraiment le fait kurde et de discuter, avec le PKK et les autres forces politiques kurdes, de l’avenir. Le président turc a instrumentalisé la question kurde à maintes reprises, comme par exemple en 2015 lorsqu’il a lancé une véritable guerre contre les Kurdes dans les régions orientales de la Turquie, afin d’exacerber les sentiments nationalistes des Turcs et gagner les élections avec une majorité lui permettant de changer la constitution et transformer le régime en présidentiel, chose faite en avril 2017, par référendum.

L’invasion turque en Syrie ne date pas du 9 octobre 2019

Depuis le début de la crise syrienne, la Turquie d’Erdogan a joué sa propre partition. Sa position ambigüe à l’égard de l’État islamique avait commencé à sérieusement agacer les États-Unis et la coalition internationale. Après les tergiversations initiales et après avoir permis à des milliers de djihadistes de passer en Syrie par la Turquie, permettant aussi l’armement de ces djihadistes, Erdogan a fait mine de soutenir réellement la coalition internationale contre l’État islamique ; il a permis aux Américains d’utiliser leurs bases en Turquie pour frapper l’État islamique et il a même indiqué que la Turquie allait participer aux frappes de la coalition. Néanmoins, le monde stupéfait et impuissant assistait aux frappes turques en Irak ; hélas (encore une fois) pas contre l’État islamique mais contre les Kurdes, seule force terrestre se battant réellement contre l’État islamique !

Parallèlement, la Turquie réclamait la création d’une zone d’exclusion au nord de la Syrie, demande qui n’a pas été acceptée, ni par la coalition internationale, ni par la Russie (dans un premier temps). La Turquie souhaitait en réalité barrer la route aux Kurdes syriens et les empêcher de faire la jonction entre tous les cantons kurdes, notamment celui d’Afrine avec les régions kurdes situées à l’est de l’Euphrate. La hantise du président turc n’était pas le développement de l’EI ; c’était plutôt la création d’une entité autonome homogène kurde au nord de la Syrie.

Le 24 août 2016, ce fut la prise de Djarabulus, à l’ouest de l’Euphrate, non loin de la frontière turco-syrienne. Au nom de la lutte contre le terrorisme, l’objectif principal de la Turquie était en réalité l’élimination des Kurdes des unités de protection du peuple (YPG), le bras armé du Parti de l’union démocratique (PYD), affilié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre Ankara depuis 1984.

Tolérée par la coalition internationale, l’incursion de l’armée turque marquait un nouveau tournant dans la guerre en Syrie. Baptisée « Bouclier de l’Euphrate », elle avait pour cible non seulement l’État islamique, mais aussi les combattants kurdes. Il était aussi plus qu’évident que sans l’aval russe cette incursion turque en territoire syrien n’aurait pas été possible.

Le succès de l’opération semble avoir été précédé d’un échange de bons procédés : les Turcs cessaient de soutenir les groupes islamistes qui tenaient la partie orientale d’Alep permettant ainsi la prise de la ville par les forces d’Assad soutenues par la Russie ; de leur côté, les Russes permettaient l’invasion turque. Les deux pays (Russie et Turquie) sortant gagnants : la Russie contrôlait la ville symbolique d’Alep et elle était plus que jamais l’acteur majeur dans le conflit syrien et la Turquie empêchait la jonction des deux régions kurdes de Syrie mettant un terme aux velléités de création du Rojava au nord de la Syrie. Les Kurdes étaient de nouveau les vrais perdants.

C’est dans la même logique que nous devons chercher une explication à l’invasion turque à Afrine, début 2018. Le canton kurde du nord-ouest de Syrie, coupé du reste de la région kurde syrienne, était une cible idéale pour la Turquie. L’attaque turque a coïncidé avec l’attaque de l’armée syrienne, soutenue par la Russie, contre la région tenue par l’État islamique de La Goutta. Dans cette région il y avait entre autres, des « rebelles » syriens soutenus par la Turquie. Lorsque la Russie a permis à l’aviation turque d’attaquer Afrine, la Turquie a ordonné aux groupes islamistes syriens de La Goutta qu’elle contrôlait de se retirer ; c’était du donnant-donnant, comme dans le cas d’Alep. La prise d’Afrine n’a pas été de tout repos. L’offensive turque a duré un mois et quand le contrôle de la région fut total, la politique de nettoyage ethnique a été mise en place. La population kurde de la ville et de la région d’Afrine a été chassée, remplacée par des rebelles islamistes, soutenus par la Turquie.

Cet échange de bons procédés avec la Russie est très probablement en train de se renouveler avec la dernière invasion turque : la province d’Alep est en ligne de mire du régime d’Assad et de la Russie. La réaction plus que modérée de cette dernière à l’invasion turque laisse clairement entrevoir cette possibilité.

De son côté, la Russie a tout à y gagner : d’un côté elle récupère des régions entières de la Syrie et de l’autre, elle crée de plus en plus de problèmes aux États-Unis et à l’OTAN. La commande turque des S400 russes en est le dernier volet de cette tentative russe de déstabilisation de l’OTAN par l’instrumentalisation de la Turquie. Et quand on connait l’esprit pratique d’Erdogan et les revirements successifs qu’il a opérés depuis sa prise de pouvoir, on peut légitimement penser que cet épisode n’est pas le dernier…

Le 9 octobre 2019, la Turquie envahit le nord de la Syrie avec l’intention clairement déclarée de remplacer la population kurde par une population arabe et « sécuriser » ainsi sa frontière syrienne.

Le lâchage des Kurdes par les États-Unis a ouvert la porte aux velléités expansionnistes turques. Cet acte américain répond probablement à un impératif stratégique de l’administration Trump : pour l’administration Trump, l’ennemie dans la région c’est l’Iran. En permettant indirectement aux Turcs d’envahir la Syrie, ils tentent de sauver ce qui peut encore l’être. C’est-à-dire que le moment venu, les États-Unis pourront demander à la Turquie son soutien face à l’Iran, mettant en avant le fait d’avoir retiré leurs soldats du kurdistan syrien permettant ainsi l’opération turque.

De son côté, le président turc, comme à son habitude, répond aux difficultés intérieures par une guerre extérieure, avec la volonté évidente de fédérer tous les nationalismes turcs sous son leadership et continuer ainsi à régner sur le pays ; la perte de Constantinople lors des dernières élections l’a poussé dans cette direction…

Contraints et forcés devant l’attaque turque, les forces kurdes n’ont pas voulu jouer la même partition qu’à Afrine. Cette fois les Kurdes ont demandé de l’aide à Assad. En réalité l’attaque turque est instrumentalisée par le régime syrien et au-delà par Poutine, actuellement seul maître du jeu sur le théâtre syrien. En quelques jours, les troupes loyalistes syriennes ont occupé et continuent à avancer dans le territoire que les Kurdes occupaient depuis presque cinq ans. Par exemple, malgré les déclarations aux accents nationalistes d’Erdogan, l’armée turque ne parait pas en mesure d’entrer dans Manbij. Les troupes d’Assad, soutenues par les Russes, ont pénétré mardi 15 octobre, dans la ville, qui occupe un emplacement stratégique dans la région.

Par ailleurs, il serait vraiment étonnant que les Turcs osent s’opposer aux troupes d’Assad et, par conséquent, indirectement aux Russes. Il est également plus que probable que l’aval russe à l’invasion turque en Syrie soit accompagné par un autre service que la Turquie doive rendre à Assad : la région d’Idlib où les troupes loyalistes syriennes ont pris pied et où l’armée turque et ses affidés syriens n’ont pas pu imposer la pax turca.

Dans les faits, Erdogan pourra aller jusqu’à là où Poutine le laisse aller… Cependant, une inconnue demeure sur l’échiquier régional : l’imprévisibilité du président turc, qui, s’il ne peut pas présenter une victoire à son peuple en relogeant une partie des 3,6 millions de Syriens réfugiés en Turquie dans la zone kurde nettoyée, connaîtra une crise interne importante.

Source : Diaspora Grecque

CHARLES GÉRARD N’EST PLUS

Nersès Durman-Arabyan

Arrivé en France en 1948, je résidais, durant ma période estudiantine, au Pavillon arménien de la Cité Universitaire du boulevard Jourdan à Paris dans le 14ème.

En tant que membre de l’association sportive arménienne appelée HMEM, nous nous réunissions tous les dimanches dans un stade situé dans le quartier de Cadet à Paris 9ème. Après leur échauffement, les garçons jouaient au Volley Ball, les filles au Basket.

Notre équipe de Volley était composée de jeunes de 18 à 25 ans. Certains noms me reviennent en mémoire comme ceux de Charles Gérard, Aram Karniguian, Antranik Alekian, Puzant Arabian, Yertvart Djénazian, Daronyan. Mais j’ai malheureusement oublié nos autres co-équipiers.

Un jour d’entrainement au stade, Aram Karniguian manqua à deux reprises son service. Très en colère, Charles Gérard l’interpella en arménien : « Dzo hayvan sa toppe chidak nédé » qui une fois traduit donnerait quelque chose du genre : « Eh abruti envoie ce ballon correctement ». Aram qui était issu d’une famille de fins lettrés en langue arménienne lui répondit sans se démonter : « Baron, hayvan yes tchem ayl toukek », ce qui se traduirait par : « Monsieur, sachez que l’abruti ce n’est pas moi mais bien vous », une réponse qui provoqua une grande hilarité chez Charles qui adorait déjà les belles répliques.

Je me souviens également d’une autre anecdote comique concernant Charles Gérard. Alors qu’il rendait visite à une de ses parentes, Mme Kazazian, rescapée du génocide des Arméniens, au cours du repas cette dame demanda à Charles s’il avait enfin trouvé du travail et comme ce dernier répondit par la négative, elle lui déclara sèchement qu’à son âge les hommes devaient tirer du pain de la pierre (c’est-à-dire qu’ils devaient travailler dur et gagner leur vie), ce à quoi Charles rétorqua de façon narquoise qu’en l’occurrence,  lui, il trouvait parfois des pierres dans le pain.

Après tant d’efforts néanmoins, Charles accéda à la reconnaissance dans le cinéma, il pouvait ainsi répondre à Mme Kazazian que lui aussi avait réussi à extraire du pain de la pierre.

Un jour, après un match de Volley, Charles m’invita à déjeuner dans un restaurant et, sachant que j’étais étudiant en électricité, me proposa un travail. En effet, Charles Gérard était déjà bien introduit dans les milieux télévisé et cinématographique. Il savait qu’on avait souvent besoin d’un électricien sur les plateaux ; il souhaitait que je rejoigne l’équipe technique.

Cependant, mon camarade Antranik était beaucoup plus apte à accepter cette offre, étant très proche de sa famille, je n’ai pas voulu prendre une place qui aurait pu lui revenir ; j’ai donc refusé la proposition de Charles.

Un dimanche, alors que nous devions célébrer le soir l’anniversaire de l’Arménie soviétique à la salle Pleyel, nous jouions le matin même face à une équipe de la préfecture de police de Paris. Malheureusement, nous avons perdu le match mais pouvions-nous l’avouer à la direction du HMEM qui faisait partie du comité d’organisation de la soirée d’anniversaire avant la cérémonie au risque de gâcher la fête ? Notre équipe s’est présentée à la soirée en disant que nous avions porté haut les couleurs du HMEM. Cher Charles Gérard, tu nous as quittés aujourd’hui, mais ton souvenir restera vivant dans nos cœurs.

Antony, le 21 septembre 2019
Nersès Durman-Arabyan

NELLY DURMAN-PARSEGHIAN

Méditation d’un Mekhitariste

Une langue avec ses subtilités et ses tournures de phrases est très difficile traduire dans une autre langue. La langue arménienne fait partie de cette catégorie. Néanmoins, nous présentons ci-joint une traduction française en espérant respecter l’esprit de la version originale.

Cordialement
Nersès

Il y a quinze ans, Nelly alliant vitalité, beauté et vertu fut victime sur son lit d’hôpital d’un assassin sournois tapi dans l’ombre qui, détruisant son corps, la conduisit de vie à trépas.

Mais son esprit comme son souvenir rayonnent comme un flambeau ardent dont la lumière éclaire la mémoire de sa famille et celle du grand cercle de ses amis.

Trad. Serge-Eric Durman
Paris, le 2 juillet 2019

Requiem pour Vartan OZINIAN

Samedi le 12 octobre 2019 en la Cathédrale Arménienne de Paris
Communiqué de la Mémoire des Arméniens de France pour la Postérité  MAFP

REQUIEM

Vartan Ozinian

L’Association des anciens Elèves du Lycée arménien Guétronagan d’Istanbul, section Paris, fait célébrer un Office de Requiem pour l’âme de son feu président, M. Vartan H. OZINIAN, à l’occasion du 40ème Jour de son décès, en union avec la sœur du défunt, Mme Marie Karakachian.

Le samedi 12 octobre 2019, à la fin de la Messe de 11 heures,en la Cathédrale Arménienne, 15 rue Jean Goujon, 75008 Paris.

Ce jour coïncide avec la Fête des Saints Traducteurs Arméniens (ceux qui ont inventé l’alphabet et traduit la Bible au début du 5ème siècle).

Le Défunt avait coutume de célébrer cette Fête solennellement par l’intermédiaire de son Association. Aussi, en souvenir et pour perpétrer cette coutume, ladite Association fait célébrer en même temps un office de requiem pour les âmes de tous les fondateurs, bienfaiteurs, proviseurs, enseignants et élèves du Lycée Guétronagan.

A la même occasion, Mme Marie Karakachian, ainsi que les familles Kevorkian et Tchilinguirian font célébrer l’office de requiem pour les âmes de tous leurs défunts.

La Turquie coincée entre les S-400 russes

La politique évolue parfois étrangement que le public n’y comprend plus grand-chose. Les ennemis d’hier deviennent les amis d’aujourd’hui et vice-versa.

Pour mémoire :

  • Membre de l’OTAN depuis février 1952, la Turquie, en est une solide composante. Entre 1950 -1953 lors de la guerre de Corée, elle a envoyé plusieurs contingents sur zone.
  • Le 2 juillet 1974, la Turquie envahissait la République de Chypre ; elle occupe jusqu’à aujourd’hui la partie nord de l’île où elle a installé une République fantoche.
  • Le 24 avril 1915, les Turcs avaient arrêté, déporté et assassiné plusieurs centaines de notables arméniens de Constantinople. Les noms de ces martyrs sont connus et sont désormais inscrits dans les archives historiques de la République d’Arménie. Après les massacres et les déportations des Arméniens sur leur sol natal, leurs maisons ont été récupérées par les Kurdes. Ce peuple vivait sur les terres de l’Arménie occidentale, entre l’Iran, l’Irak et la Syrie.

    Sous l’Empire, le « Hamidiyé Alayi » composé de Kurdes assurait la sécurité du sultan ; il fut utilisé par le pouvoir turc pour spolier les Arméniens. Dans les années 30, les Kurdes s’organisèrent pour faire valoir leur identité et leur droit à l’autonomie. Ils formèrent des organisations politiques comme le PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan qui eut pour chef Öcalan. Celui-ci fut arrêté par les autorités turques, jugé et condamné à mort le 15 février 1999. Cependant, sa peine fut commuée en détention à perpétuité car, en tant que candidat à l’adhésion à l’Union Européenne, la Turquie ne pouvait exécuter un condamné. Depuis cette lors, Öcalan est emprisonné dans une île-prison dans la mer de Marmara.

    Contrairement aux Turcs, les Kurdes ont présenté aux Arméniens leurs excuses pour les crimes commis par leurs aïeux.

    • Le 20 mars 2003, lors de la guerre contre l’Irak, la Turquie ne donna pas l’autorisation aux Américains d’utiliser la base militaire d’Incirlik qu’elle leur avait loué pour faire décoller leurs bombardiers. Les Américains furent obligés d’emprunter un autre itinéraire pour leurs opérations.

Avec la bénédiction de l’Occident, le parfum du Printemps arabe embrasa l’Afrique du nord de la Tunisie jusqu’à la frontière de la Libye. Toutefois, les événements prirent une autre tournure ; la Libye fut un morceau plus dur à avaler ; le peuple était malgré tout attaché à son autoritaire dirigeant. Par conséquent, il fallut avoir recours à l’OTAN pour briser l’armée libyenne. À la suite de cette intervention, le président Kadhafi fut assassiné.

Après l’intervention de l’OTAN en Libye, le vent de la révolte traversa l’Égypte pour atteindre la Syrie le 15 mars 2011. Le printemps arabe échoua face à Bachar El Assad, président syrien. Ennemi de la Syrie, la Turquie ouvrit grand ses portes aux réfugiés syriens qui fuyaient les bombardements. Bachar El Assad avait signé avec la Russie des accords tant militaire que d’assistance technique et commerciale. Pour les Américains, ce morceau syrien fut indigeste. Profitant de l’opportunité de cette guerre, la Turquie mena plusieurs attaques contre les communautés kurdes à la frontière du pays.

Si les sites touristiques méditerranéens de Turquie attiraient de nombreux touristes russes chaque année, un événement inattendu vint troubler cette situation. Le 24 novembre 2015, un avion militaire russe fut abattu à la frontière de la Syrie et son pilote tué. Les rapports entre la Russie et la Turquie devinrent difficiles. L’assassinat de l’ambassadeur russe, Andreï Karlov, à Ankara le 19 décembre 2016 provoqua l’arrêt des relations diplomatiques entre les deux pays. Jadis, un tel événement aurait déclenché une guerre entre les deux pays.

Afin d’aplanir les tensions, la Turquie présenta ses excuses aux Russes. La géopolitique prenait le dessus sur ces événements et les rapports entre les deux pays se sont améliorés.

Membre de l’OTAN, la Turquie avait commandé 100 unités de F-35 américains le 28 août 2017. Les militaires turcs suivaient une formation spécifique pour piloter ces bombardiers. Entre temps, Ankara avait également commandé, le 12 septembre 2017, des fusées S-400 russes, efficaces intercepteurs de missiles et de bombardiers.

Les États-Unis s’opposèrent cette transaction, en exerçant un chantage sur la livraison des F-35 à la Turquie et en suspendant la formation des pilotes. En revanche, les militaires turcs s’entraînaient au maniement des S-400 russes. La Turquie se trouva entre les S-400 russes et les F-35 américains.

Par ruse, la Turquie pourrait gagner sur les deux tableaux. Ne conclurait-elle pas un accord avec les Américains en leur transmettant le secret de fabrication des S-400 russes qui avaient fait leur preuve au front pour contrer les performances des F-35 américains et nuire à leur vente sur le marché mondial ?

Voilà ci-après, une partie du document relevé le 28 juin 2019 dans Sputnik France dans la rubrique international « Erdogan confirme que Trump comprend les motivations de la Turquie concernant les S-400 russes.  En effet, en ce qui concerne les S-400, Monsieur Trump connaît très bien les soucis de la Turquie et pourquoi nous avons besoin de ce système et comment nous sommes arrivés à cet point », a tenu expliquer Recep Tayyip Erdogan.

Avant d’ajouter :

« Je crois que notre rencontre avec le Président américain lors du sommet du G20 sera important pour surmonter le point mort dans nos relations bilatérales et renforcer notre coopération.»

La fin de la livraison des S-400 en Turquie et la formation de spécialistes turcs par des militaires russes est prévue pour la fin de l’année 2019.

Nersès Durman-Arabyan
Antony, le 28 juin 2017