L’invasion turque en Syrie

Charalambos Petinos – historien

Texte paru dans L’Incorrect

L’invasion turque en Syrie maintes fois annoncée par le président turc Recep Tayyip Erdogan a été lancée. L’ensemble des acteurs dans la région ont semblé pourtant surpris. Si l’on examine les différentes données, les explications sont flagrantes. Cette attaque répond tout d’abord à un aspect impératif de politique intérieure d’Erdogan : les élections municipales – notamment celle d’Istanbul – ont montré les limites de l’erdoganisme. D’abord, l’usure du pouvoir, accompagnée d’une crise économique réelle, renforcée par la présence de 3,6 millions de réfugiés syriens, montre les limites du modèle économique turc qui a longtemps fourni au président turc un argument de poids. Ensuite, l’extrême polarisation de la société turque apparait au grand jour avec son lot de frustrations de plus en plus nombreuses, au sein de l’opposition laïque et kémaliste. Enfin, la perte de vitesse et de poids dans le conflit syrien, faisait craindre au gouvernement turc une éviction pure et simple de ce théâtre majeur d’opération géopolitique, menant éventuellement à la création d’une entité kurde le long de la frontière sud du pays avec la Syrie, longue de plus de 900 kilomètres.

Patrouille turque à Kobané

Les objectifs turcs

Officiellement, la Turquie souhaite créer une zone de sécurité à sa frontière avec la Syrie ; dans l’esprit d’Erdogan cela implique d’en chasser les Kurdes et d’y installer une grande partie des réfugiés syriens sunnites, actuellement sur le sol turc. De cette manière il règle le problème kurde syrien et se débarrasse des réfugiés.

Cependant, procéder au remplacement des populations kurdes du nord de la Syrie par des populations arabes créera un problème qui perdurera dans le temps, avec des frustrations de part et d’autre. Car, comment ces populations arabes pourront-elles se maintenir dans cette région sans le soutien actif de la Turquie ? Et si la Turquie réussit à réaliser cette « zone de sécurité », devra-t-elle rester sur place pour longtemps, peut-être pour toujours ? Cela me fait penser au problème de la division de Chypre. En 1974 la Turquie a mis en avant un beau prétexte pour envahir et occuper la moitié de l’île de Chypre : la restauration de l’ordre constitutionnel et la protection de la communauté chypriote turque ; elle n’a fait ni l’un ni l’autre. Elle a cessé de reconnaitre la République de Chypre et elle a submergé la communauté chypriote turque avec des colons amenés de Turquie, justement pour modifier la structure démographique de l’île et contrôler la communauté chypriote turque. La Turquie est depuis cette date présente sur l’île, avec une armée de plus de 40 000 soldats. Elle n’aura aucune raison d’agir différemment en Syrie, accomplissant un peu plus le rêve ottoman du raïs. Une deuxième possibilité est aussi l’annexion de ce territoire syrien un peu sur le modèle d’Alexandrette.

N’oublions pas, par ailleurs, que la théorie du néo-ottomanisme a survécu politiquement à son initiateur – Ahmet Davutoglu, ancien bras droit d’Erdogan, évincé du pouvoir car il faisait de l’ombre au sultan – qui considérait que seuls deux faits majeurs positifs étaient à mettre au crédit de la République turque kémaliste : l’annexion d’Alexandrette et l’occupation de Chypre.

Pour comprendre le comportement de la Turquie d’Erdogan, revenons un peu en arrière : Tancrède Josseran, dans un très bon article sur la nouvelle politique étrangère turque, intitulé Turquie : repenser l’Empire (https://www.diploweb.com/Turquie-repenser-l-Empire.html) précise : « La République turque a été consacrée en 1923 par une double rupture politique et culturelle. En faisant table rase du passé théocratique et cosmopolite de l’Empire ottoman, Mustafa Kemal. Miroir négatif de l’identité turque, l’islam a été extirpé de la mémoire collective. Religion civique du nouvel État, la laïcité est devenue le point de départ et d’aboutissement obligatoire du projet d’ingénierie sociale des élites kémalistes ». Davutoglu, l’homme qui a théorisé la nouvelle politique étrangère turque, estimait que le retrait et le désintérêt marqué d’Ankara pour l’ancien espace ottoman a créé un décalage. Il considérait que la Turquie moderne née des révolutions menées par Atatürk n’avait rien accompli de bon, excepté l’invasion de Chypre et l’annexion d’Alexandrette.

Afin de situer la question kurde en Turquie, rappelons-nous que la Turquie kémaliste cherchant à homogénéiser son espace national, promulgue dès l’année suivant la déclaration de la République, une loi interdisant toutes les écoles, associations et publications kurdes. L’existence du peuple kurde était niée et sa langue interdite. Des centaines de milliers de Kurdes étaient déportés ou massacrés.

La légère amélioration apparente de la dialectique de l’AKP depuis son accession au pouvoir en 2002 a été vite balayée par le refus de reconnaitre vraiment le fait kurde et de discuter, avec le PKK et les autres forces politiques kurdes, de l’avenir. Le président turc a instrumentalisé la question kurde à maintes reprises, comme par exemple en 2015 lorsqu’il a lancé une véritable guerre contre les Kurdes dans les régions orientales de la Turquie, afin d’exacerber les sentiments nationalistes des Turcs et gagner les élections avec une majorité lui permettant de changer la constitution et transformer le régime en présidentiel, chose faite en avril 2017, par référendum.

L’invasion turque en Syrie ne date pas du 9 octobre 2019

Depuis le début de la crise syrienne, la Turquie d’Erdogan a joué sa propre partition. Sa position ambigüe à l’égard de l’État islamique avait commencé à sérieusement agacer les États-Unis et la coalition internationale. Après les tergiversations initiales et après avoir permis à des milliers de djihadistes de passer en Syrie par la Turquie, permettant aussi l’armement de ces djihadistes, Erdogan a fait mine de soutenir réellement la coalition internationale contre l’État islamique ; il a permis aux Américains d’utiliser leurs bases en Turquie pour frapper l’État islamique et il a même indiqué que la Turquie allait participer aux frappes de la coalition. Néanmoins, le monde stupéfait et impuissant assistait aux frappes turques en Irak ; hélas (encore une fois) pas contre l’État islamique mais contre les Kurdes, seule force terrestre se battant réellement contre l’État islamique !

Parallèlement, la Turquie réclamait la création d’une zone d’exclusion au nord de la Syrie, demande qui n’a pas été acceptée, ni par la coalition internationale, ni par la Russie (dans un premier temps). La Turquie souhaitait en réalité barrer la route aux Kurdes syriens et les empêcher de faire la jonction entre tous les cantons kurdes, notamment celui d’Afrine avec les régions kurdes situées à l’est de l’Euphrate. La hantise du président turc n’était pas le développement de l’EI ; c’était plutôt la création d’une entité autonome homogène kurde au nord de la Syrie.

Le 24 août 2016, ce fut la prise de Djarabulus, à l’ouest de l’Euphrate, non loin de la frontière turco-syrienne. Au nom de la lutte contre le terrorisme, l’objectif principal de la Turquie était en réalité l’élimination des Kurdes des unités de protection du peuple (YPG), le bras armé du Parti de l’union démocratique (PYD), affilié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre Ankara depuis 1984.

Tolérée par la coalition internationale, l’incursion de l’armée turque marquait un nouveau tournant dans la guerre en Syrie. Baptisée « Bouclier de l’Euphrate », elle avait pour cible non seulement l’État islamique, mais aussi les combattants kurdes. Il était aussi plus qu’évident que sans l’aval russe cette incursion turque en territoire syrien n’aurait pas été possible.

Le succès de l’opération semble avoir été précédé d’un échange de bons procédés : les Turcs cessaient de soutenir les groupes islamistes qui tenaient la partie orientale d’Alep permettant ainsi la prise de la ville par les forces d’Assad soutenues par la Russie ; de leur côté, les Russes permettaient l’invasion turque. Les deux pays (Russie et Turquie) sortant gagnants : la Russie contrôlait la ville symbolique d’Alep et elle était plus que jamais l’acteur majeur dans le conflit syrien et la Turquie empêchait la jonction des deux régions kurdes de Syrie mettant un terme aux velléités de création du Rojava au nord de la Syrie. Les Kurdes étaient de nouveau les vrais perdants.

C’est dans la même logique que nous devons chercher une explication à l’invasion turque à Afrine, début 2018. Le canton kurde du nord-ouest de Syrie, coupé du reste de la région kurde syrienne, était une cible idéale pour la Turquie. L’attaque turque a coïncidé avec l’attaque de l’armée syrienne, soutenue par la Russie, contre la région tenue par l’État islamique de La Goutta. Dans cette région il y avait entre autres, des « rebelles » syriens soutenus par la Turquie. Lorsque la Russie a permis à l’aviation turque d’attaquer Afrine, la Turquie a ordonné aux groupes islamistes syriens de La Goutta qu’elle contrôlait de se retirer ; c’était du donnant-donnant, comme dans le cas d’Alep. La prise d’Afrine n’a pas été de tout repos. L’offensive turque a duré un mois et quand le contrôle de la région fut total, la politique de nettoyage ethnique a été mise en place. La population kurde de la ville et de la région d’Afrine a été chassée, remplacée par des rebelles islamistes, soutenus par la Turquie.

Cet échange de bons procédés avec la Russie est très probablement en train de se renouveler avec la dernière invasion turque : la province d’Alep est en ligne de mire du régime d’Assad et de la Russie. La réaction plus que modérée de cette dernière à l’invasion turque laisse clairement entrevoir cette possibilité.

De son côté, la Russie a tout à y gagner : d’un côté elle récupère des régions entières de la Syrie et de l’autre, elle crée de plus en plus de problèmes aux États-Unis et à l’OTAN. La commande turque des S400 russes en est le dernier volet de cette tentative russe de déstabilisation de l’OTAN par l’instrumentalisation de la Turquie. Et quand on connait l’esprit pratique d’Erdogan et les revirements successifs qu’il a opérés depuis sa prise de pouvoir, on peut légitimement penser que cet épisode n’est pas le dernier…

Le 9 octobre 2019, la Turquie envahit le nord de la Syrie avec l’intention clairement déclarée de remplacer la population kurde par une population arabe et « sécuriser » ainsi sa frontière syrienne.

Le lâchage des Kurdes par les États-Unis a ouvert la porte aux velléités expansionnistes turques. Cet acte américain répond probablement à un impératif stratégique de l’administration Trump : pour l’administration Trump, l’ennemie dans la région c’est l’Iran. En permettant indirectement aux Turcs d’envahir la Syrie, ils tentent de sauver ce qui peut encore l’être. C’est-à-dire que le moment venu, les États-Unis pourront demander à la Turquie son soutien face à l’Iran, mettant en avant le fait d’avoir retiré leurs soldats du kurdistan syrien permettant ainsi l’opération turque.

De son côté, le président turc, comme à son habitude, répond aux difficultés intérieures par une guerre extérieure, avec la volonté évidente de fédérer tous les nationalismes turcs sous son leadership et continuer ainsi à régner sur le pays ; la perte de Constantinople lors des dernières élections l’a poussé dans cette direction…

Contraints et forcés devant l’attaque turque, les forces kurdes n’ont pas voulu jouer la même partition qu’à Afrine. Cette fois les Kurdes ont demandé de l’aide à Assad. En réalité l’attaque turque est instrumentalisée par le régime syrien et au-delà par Poutine, actuellement seul maître du jeu sur le théâtre syrien. En quelques jours, les troupes loyalistes syriennes ont occupé et continuent à avancer dans le territoire que les Kurdes occupaient depuis presque cinq ans. Par exemple, malgré les déclarations aux accents nationalistes d’Erdogan, l’armée turque ne parait pas en mesure d’entrer dans Manbij. Les troupes d’Assad, soutenues par les Russes, ont pénétré mardi 15 octobre, dans la ville, qui occupe un emplacement stratégique dans la région.

Par ailleurs, il serait vraiment étonnant que les Turcs osent s’opposer aux troupes d’Assad et, par conséquent, indirectement aux Russes. Il est également plus que probable que l’aval russe à l’invasion turque en Syrie soit accompagné par un autre service que la Turquie doive rendre à Assad : la région d’Idlib où les troupes loyalistes syriennes ont pris pied et où l’armée turque et ses affidés syriens n’ont pas pu imposer la pax turca.

Dans les faits, Erdogan pourra aller jusqu’à là où Poutine le laisse aller… Cependant, une inconnue demeure sur l’échiquier régional : l’imprévisibilité du président turc, qui, s’il ne peut pas présenter une victoire à son peuple en relogeant une partie des 3,6 millions de Syriens réfugiés en Turquie dans la zone kurde nettoyée, connaîtra une crise interne importante.

Source : Diaspora Grecque

CHARLES GÉRARD N’EST PLUS

Nersès Durman-Arabyan

Arrivé en France en 1948, je résidais, durant ma période estudiantine, au Pavillon arménien de la Cité Universitaire du boulevard Jourdan à Paris dans le 14ème.

En tant que membre de l’association sportive arménienne appelée HMEM, nous nous réunissions tous les dimanches dans un stade situé dans le quartier de Cadet à Paris 9ème. Après leur échauffement, les garçons jouaient au Volley Ball, les filles au Basket.

Notre équipe de Volley était composée de jeunes de 18 à 25 ans. Certains noms me reviennent en mémoire comme ceux de Charles Gérard, Aram Karniguian, Antranik Alekian, Puzant Arabian, Yertvart Djénazian, Daronyan. Mais j’ai malheureusement oublié nos autres co-équipiers.

Un jour d’entrainement au stade, Aram Karniguian manqua à deux reprises son service. Très en colère, Charles Gérard l’interpella en arménien : « Dzo hayvan sa toppe chidak nédé » qui une fois traduit donnerait quelque chose du genre : « Eh abruti envoie ce ballon correctement ». Aram qui était issu d’une famille de fins lettrés en langue arménienne lui répondit sans se démonter : « Baron, hayvan yes tchem ayl toukek », ce qui se traduirait par : « Monsieur, sachez que l’abruti ce n’est pas moi mais bien vous », une réponse qui provoqua une grande hilarité chez Charles qui adorait déjà les belles répliques.

Je me souviens également d’une autre anecdote comique concernant Charles Gérard. Alors qu’il rendait visite à une de ses parentes, Mme Kazazian, rescapée du génocide des Arméniens, au cours du repas cette dame demanda à Charles s’il avait enfin trouvé du travail et comme ce dernier répondit par la négative, elle lui déclara sèchement qu’à son âge les hommes devaient tirer du pain de la pierre (c’est-à-dire qu’ils devaient travailler dur et gagner leur vie), ce à quoi Charles rétorqua de façon narquoise qu’en l’occurrence,  lui, il trouvait parfois des pierres dans le pain.

Après tant d’efforts néanmoins, Charles accéda à la reconnaissance dans le cinéma, il pouvait ainsi répondre à Mme Kazazian que lui aussi avait réussi à extraire du pain de la pierre.

Un jour, après un match de Volley, Charles m’invita à déjeuner dans un restaurant et, sachant que j’étais étudiant en électricité, me proposa un travail. En effet, Charles Gérard était déjà bien introduit dans les milieux télévisé et cinématographique. Il savait qu’on avait souvent besoin d’un électricien sur les plateaux ; il souhaitait que je rejoigne l’équipe technique.

Cependant, mon camarade Antranik était beaucoup plus apte à accepter cette offre, étant très proche de sa famille, je n’ai pas voulu prendre une place qui aurait pu lui revenir ; j’ai donc refusé la proposition de Charles.

Un dimanche, alors que nous devions célébrer le soir l’anniversaire de l’Arménie soviétique à la salle Pleyel, nous jouions le matin même face à une équipe de la préfecture de police de Paris. Malheureusement, nous avons perdu le match mais pouvions-nous l’avouer à la direction du HMEM qui faisait partie du comité d’organisation de la soirée d’anniversaire avant la cérémonie au risque de gâcher la fête ? Notre équipe s’est présentée à la soirée en disant que nous avions porté haut les couleurs du HMEM. Cher Charles Gérard, tu nous as quittés aujourd’hui, mais ton souvenir restera vivant dans nos cœurs.

Antony, le 21 septembre 2019
Nersès Durman-Arabyan

NELLY DURMAN-PARSEGHIAN

Méditation d’un Mekhitariste

Une langue avec ses subtilités et ses tournures de phrases est très difficile traduire dans une autre langue. La langue arménienne fait partie de cette catégorie. Néanmoins, nous présentons ci-joint une traduction française en espérant respecter l’esprit de la version originale.

Cordialement
Nersès

Il y a quinze ans, Nelly alliant vitalité, beauté et vertu fut victime sur son lit d’hôpital d’un assassin sournois tapi dans l’ombre qui, détruisant son corps, la conduisit de vie à trépas.

Mais son esprit comme son souvenir rayonnent comme un flambeau ardent dont la lumière éclaire la mémoire de sa famille et celle du grand cercle de ses amis.

Trad. Serge-Eric Durman
Paris, le 2 juillet 2019

La Turquie coincée entre les S-400 russes

La politique évolue parfois étrangement que le public n’y comprend plus grand-chose. Les ennemis d’hier deviennent les amis d’aujourd’hui et vice-versa.

Pour mémoire :

  • Membre de l’OTAN depuis février 1952, la Turquie, en est une solide composante. Entre 1950 -1953 lors de la guerre de Corée, elle a envoyé plusieurs contingents sur zone.
  • Le 2 juillet 1974, la Turquie envahissait la République de Chypre ; elle occupe jusqu’à aujourd’hui la partie nord de l’île où elle a installé une République fantoche.
  • Le 24 avril 1915, les Turcs avaient arrêté, déporté et assassiné plusieurs centaines de notables arméniens de Constantinople. Les noms de ces martyrs sont connus et sont désormais inscrits dans les archives historiques de la République d’Arménie. Après les massacres et les déportations des Arméniens sur leur sol natal, leurs maisons ont été récupérées par les Kurdes. Ce peuple vivait sur les terres de l’Arménie occidentale, entre l’Iran, l’Irak et la Syrie.

    Sous l’Empire, le « Hamidiyé Alayi » composé de Kurdes assurait la sécurité du sultan ; il fut utilisé par le pouvoir turc pour spolier les Arméniens. Dans les années 30, les Kurdes s’organisèrent pour faire valoir leur identité et leur droit à l’autonomie. Ils formèrent des organisations politiques comme le PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan qui eut pour chef Öcalan. Celui-ci fut arrêté par les autorités turques, jugé et condamné à mort le 15 février 1999. Cependant, sa peine fut commuée en détention à perpétuité car, en tant que candidat à l’adhésion à l’Union Européenne, la Turquie ne pouvait exécuter un condamné. Depuis cette lors, Öcalan est emprisonné dans une île-prison dans la mer de Marmara.

    Contrairement aux Turcs, les Kurdes ont présenté aux Arméniens leurs excuses pour les crimes commis par leurs aïeux.

    • Le 20 mars 2003, lors de la guerre contre l’Irak, la Turquie ne donna pas l’autorisation aux Américains d’utiliser la base militaire d’Incirlik qu’elle leur avait loué pour faire décoller leurs bombardiers. Les Américains furent obligés d’emprunter un autre itinéraire pour leurs opérations.

Avec la bénédiction de l’Occident, le parfum du Printemps arabe embrasa l’Afrique du nord de la Tunisie jusqu’à la frontière de la Libye. Toutefois, les événements prirent une autre tournure ; la Libye fut un morceau plus dur à avaler ; le peuple était malgré tout attaché à son autoritaire dirigeant. Par conséquent, il fallut avoir recours à l’OTAN pour briser l’armée libyenne. À la suite de cette intervention, le président Kadhafi fut assassiné.

Après l’intervention de l’OTAN en Libye, le vent de la révolte traversa l’Égypte pour atteindre la Syrie le 15 mars 2011. Le printemps arabe échoua face à Bachar El Assad, président syrien. Ennemi de la Syrie, la Turquie ouvrit grand ses portes aux réfugiés syriens qui fuyaient les bombardements. Bachar El Assad avait signé avec la Russie des accords tant militaire que d’assistance technique et commerciale. Pour les Américains, ce morceau syrien fut indigeste. Profitant de l’opportunité de cette guerre, la Turquie mena plusieurs attaques contre les communautés kurdes à la frontière du pays.

Si les sites touristiques méditerranéens de Turquie attiraient de nombreux touristes russes chaque année, un événement inattendu vint troubler cette situation. Le 24 novembre 2015, un avion militaire russe fut abattu à la frontière de la Syrie et son pilote tué. Les rapports entre la Russie et la Turquie devinrent difficiles. L’assassinat de l’ambassadeur russe, Andreï Karlov, à Ankara le 19 décembre 2016 provoqua l’arrêt des relations diplomatiques entre les deux pays. Jadis, un tel événement aurait déclenché une guerre entre les deux pays.

Afin d’aplanir les tensions, la Turquie présenta ses excuses aux Russes. La géopolitique prenait le dessus sur ces événements et les rapports entre les deux pays se sont améliorés.

Membre de l’OTAN, la Turquie avait commandé 100 unités de F-35 américains le 28 août 2017. Les militaires turcs suivaient une formation spécifique pour piloter ces bombardiers. Entre temps, Ankara avait également commandé, le 12 septembre 2017, des fusées S-400 russes, efficaces intercepteurs de missiles et de bombardiers.

Les États-Unis s’opposèrent cette transaction, en exerçant un chantage sur la livraison des F-35 à la Turquie et en suspendant la formation des pilotes. En revanche, les militaires turcs s’entraînaient au maniement des S-400 russes. La Turquie se trouva entre les S-400 russes et les F-35 américains.

Par ruse, la Turquie pourrait gagner sur les deux tableaux. Ne conclurait-elle pas un accord avec les Américains en leur transmettant le secret de fabrication des S-400 russes qui avaient fait leur preuve au front pour contrer les performances des F-35 américains et nuire à leur vente sur le marché mondial ?

Voilà ci-après, une partie du document relevé le 28 juin 2019 dans Sputnik France dans la rubrique international « Erdogan confirme que Trump comprend les motivations de la Turquie concernant les S-400 russes.  En effet, en ce qui concerne les S-400, Monsieur Trump connaît très bien les soucis de la Turquie et pourquoi nous avons besoin de ce système et comment nous sommes arrivés à cet point », a tenu expliquer Recep Tayyip Erdogan.

Avant d’ajouter :

« Je crois que notre rencontre avec le Président américain lors du sommet du G20 sera important pour surmonter le point mort dans nos relations bilatérales et renforcer notre coopération.»

La fin de la livraison des S-400 en Turquie et la formation de spécialistes turcs par des militaires russes est prévue pour la fin de l’année 2019.

Nersès Durman-Arabyan
Antony, le 28 juin 2017

ARRÊTER L’HORLOGE DE L’APOCALYPSE !

Notre professeur d’astronomie nous disait souvent : « Si les êtres humains avaient conscience de la fragilité de la croûte terrestre, ils ne dormiraient pas la nuit. »
Ces propos ont déjà plus de 70 ans, date à laquelle les hommes n’exploitaient pas autant les entrailles de la Terre.

Nersès Durman-Arabyan

La superficie globale de la Terre est de 510 millions de Km² dont 360 millions sont constitués par les océans.

Il y a environ 20.000 ans, le niveau de la mer était à 130 m au-dessus du niveau actuel. Composé de fer dur et pur solide, le noyau de la Terre est recouvert de différentes couches de substances liquides et gazeuses. Cet ensemble est renfermé sous la croûte terrestre faite de plaques tectoniques qui glissent les unes sur les autres, provoquant des tremblements de terre.

Sur une longueur de 6.500 Km suivant la ligne de fracture de la plaque tectonique océanique, une chaîne de volcans crache en permanence des gaz et autres substances à 2.500 m de profondeur. Si la température de l’eau est de 5 à 6 °C à 100 m de cette zone, à 2.500 m de profondeur la température de l’eau monte à plus de 80 °C. C’est la condition idéale pour cuire un œuf en quelques minutes.

En 2010, l’explosion d’une plateforme pétrolière dans le Golfe du Mexique avait causé la mort de 10 personnes. Le pétrole avait jailli d’une profondeur de 1.200 m où la pression de l’eau sur la bouche du puits était de l’ordre de 120 bars, rendant impossible de colmater la fuite ; le pétrole se trouvait à 10.000 m de profondeur.

Les multiples extractions de pétrole et de gaz se pratiquent tant en mer que sous terre. Cette énergie exploitée dans plusieurs pays représente une manne pour chacun d’entre eux, sans oublier le profit des compagnies pétrolières.

À la recherche de nouveaux moyens de forage pour produire plus, l’homme joue avec le feu. Il ne recule devant rien pour conserver son mode de vie. Afin d’extraire du gaz de schiste et ne plus déprendre du pétrole, certains pays pratiquent le fractionnement des roches dans des profondeurs impressionnantes. Il est à craindre qu’à force de triturer les entrailles de notre Terre, l’homme brise le fragile équilibre de la Nature tout en polluant les nappes phréatiques.

Alibi des écologistes, même le recours à certaines énergies renouvelables comme l’éolien industriel est un leurre, car plus préjudiciable à l’environnement pour un résultat infime.

Que dire de l’empoisonnement des terres cultivables par les produits de l’industrie chimique qui tuent à petit feu le sol, la faune et les plantes, les agriculteurs et les consommateurs.

N’a-t-on pas fait de la Terre un enfer ?

Nonobstant le danger créé par l’homme pour ses intérêts personnels, il met par extension en péril l’avenir de l’humanité entière.

Que les bombes atomiques détenues par plusieurs États puissent détruire plusieurs fois la Terre est une notion bien ancrée dans les esprits. Et beaucoup se polarisent sur ce type de destruction massive lors d’une dernière guerre qu’elle soit limitée ou totale entre deux puissances nucléaires.

Il est nécessaire dans cette optique que tous les protagonistes de ce mortel scénario s’assoient autour d’une table pour négocier un moratoire sur la prolifération atomique et le risque de guerre en travaillant pour la Paix. L’argent dépensé pour le réarmement serait plus utile, s’il était consacré au bien-être des populations. Les pays qui n’ont pas subi les horreurs de la guerre sur leur sol ne se rendent pas compte de la gravité de cette situation.

Entre le péril nucléaire et la dégradation graduelle de notre Nature pour préserver notre train de vie, nous devons agir avec intelligence.

À ce jour, c’est plutôt l’ambition, l’appât du gain ou la folie meurtrière qui ont guidé des hommes de pays dits civilisés pour mettre le monde à feu et à sang en 1939 ou le contaminer en larguant des bombes atomiques sur des populations civiles ou en utilisant des armes à uranium appauvri.

Notre Terre est un cadeau précieux, il faut la protéger fussent au prix de quelques sacrifices par chacun d’entre nous ; et transformer cet Enfer que nous avons généré en un Paradis que tous espèrent.

Nersès Durman-Arabyan
Antony, le 9 mai 2019

BEN KİM İM ?

Azınlıklarımı canım gibi koruyan

Avrupa Birliğinin giriş sahnesini gözleyen

Kıbrıs adasını çatlatan

Aya Sofya Kilisesinde namaz kılan

Cami kubbesini siper alan

Minareyi de kılıç gibi kullanan

Eski Sovyet, Türk ülkelerini birleştiren

Türk Imparatorluğunu kurmaya gayret eden 

Irak – Suriye petrolına hakim olmaya amaçlayan

Suriye’de Rusyanın uçagını yere indiren

BEN RECEP TAYYIP ERDOĜAN

    • Karada kaplan
    • Denizde kaptan
    • Havadan atan

Var mı bana yan bakan?

Nerso
Avril 2019

WHO AM I?

Protecting in all good conscience my minorities

Wholeheartedly hoping for my country to integrate the European Union

Continuing to divide the island of Cyprus into two parts

Preferring to use St Sophia Cathedral to pray

Taking shelter under the dome of mosques as a shield

Using the minarets as my swords

Advocating unification with the Turkish speaking republics of the Former Soviet Union

Eager to reestablish a new Turkish Empire

Seizing the oils of Iraq and Syria

Shooting down the Russian bomber in Syria

I RECEP TAYYIP ERDOĜAN

    • A tiger on the Earth
    • A pirate of the seas
    • An assailant of the skies

Is there someone who can look at me with suspicion?

Nerso
Avril 2019

QUI SUIS- JE ?

Erdogan

Protégeant de toute mon âme mes minorités

Espérant de tout cœur l’entrée de mon pays dans l’Union Européenne

Continuant à couper l’île de Chypre en deux

Préférant la Cathédrale Sainte Sophie pour prier

M’abritant sous la coupole des mosquées comme sous un bouclier

Me servant des minarets comme épées

Prônant l’unification avec les anciennes républiques turcophones de l’ex-union soviétique

Désireux de rétablir un nouvel Empire turc

Désireux d’approprier le pétrole irako-syrien

Abattant un avion russe à la frontière Syrienne

RECEP TAYYIP ERDOĜAN

    • Un Tigre sur la Terre
    • Un Écumeur des Mers
    • Un Aigle dans les Airs

Y-a-t’il encore quelqu’un qui puisse me regarder de travers ?

Nerso
Avril 2019

Hommage à Arsène Tchakarian

Chers amis,

Nous voici réunis autour de la tombe d’Arsène Tchakarian qui repose désormais auprès de ses frères d’armes du Groupe Manouchian.

Arsène Tchakarian

En ce dimanche 24 février, nous sommes venus honorer la mémoire de Missak et de ses camarades exécutés par les nazis en 1944 mais nous sommes également là pour vous cher Arsène qui fut leur compagnon. Vous, le dernier survivant du Groupe Manouchian, vous vous étiez fait une promesse à vous-même, celle d’être présent tous les ans, quel que soit le temps, au cimetière d’Ivry sur Seine pour évoquer les combattants de l’Affiche Rouge.

Pour la première fois, vous n’avez pas pu respecter ce serment mais sachez, cher Arsène, que nous suivrons le chemin que avez tracé et que nous serons présents pour eux et pour vous dans les années à venir comme nous sommes présents aujourd’hui.

Et pourquoi reprendre le flambeau de ce travail de mémoire ?

Nous devons reprendre le flambeau du travail de mémoire parce que plus jamais ce travail est primordial et indispensable. Arsène, vous qui alliez dans les lycées et les collèges pour raconter l’histoire de la Résistance mais aussi celle des Arméniens et du génocide, vous connaissiez l’importance du témoignage et de la transmission.

En ces temps troublés où resurgissent des démons du passé que tous espérions à jamais disparus, il me revient en mémoire une phrase du dramaturge Bertolt Brecht : « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ».  Cette bête immonde c’est le rejet des autres, c’est l’antisémitisme, ce sont toutes ces idées nauséabondes contre lesquelles s’étaient levés les héros de la Résistance et qu’ils combattaient avec force et avec rage.

Votre histoire, Arsène comme celle de Manouchian est une page de l’Histoire de France mais aussi de l’Histoire universelle car vous étiez à la fois des Résistants contre l’occupant nazi en France et des rescapés du génocide des Arméniens.

Comment dans ce cas ne pas être choqué par le fiel haineux déversé par un négationniste du Génocide des Arméniens le 21 février dernier sur Manouchian, le jour même de la commémoration de son exécution ?

Tout le travail de mémoire, dans une telle actualité prend alors pleinement son sens pour combattre les négationnistes de tout poil et pour rappeler que la France, notre France celle pour laquelle sont tombés Missak Manouchian et ses camarades est celle des Droits de l’Homme et des valeurs républicaines Liberté, Égalité et  Fraternité.

Votre combat, cher Arsène, nous le continuerons inlassablement pour que le sacrifice des héros de la Résistance ne soit pas vain !

Comité Directeur
Ivry, 24 février 2019

Groupe Manouchian

Missak MANOUCHIAN Cdt. (1er septembre 1906 – 21 février 1944)

Résistant français, fusillé au Mont-Valérien, Missak Manouchian est né dans le village d’Adyaman en Turquie. Rescapé du génocide des Arméniens de 1915, il reste à tout jamais marqué par les atrocités dont il a été le témoin. Cette expérience exalte son talent d’écrivain et de poète. En 1925, il débarque à Marseille.

D’abord ouvrier et journaliste, il adhère au Parti communiste en 1934, puis intègre le groupe arménien de la MOI (Main d’Œuvre immigrée). Après la défaite de 1940, il redevient ouvrier puis responsable de la section arménienne de la MOI clandestine. Versé dans les FTP-MOI de la région parisienne en 1943, il en prend la direction militaire en août, sous le commandement de Joseph Epstein. 

Le coup d’éclat des FTP-MOI a lieu, le 28 septembre 1943, avec l’exécution du général S.S. Julius Ritter, responsable du S.T.O. (Service du Travail Obligatoire) en France.

Missak Manouchian est arrêté en novembre 1943, dans le cadre d’une vaste opération de la police française contre les unités combattantes de la MOI parisienne.

Condamné à mort par un tribunal allemand et désigné comme « chef de bande » sur la fameuse Affiche rouge placardée sur les murs de France, il est exécuté au Mont-Valérien avec vingt-et-un de ses compagnons, le 21 février 1944.