Rapatriement des partis politiques arméniens de la diaspora

Après la période monarchique des royaumes, l’Arménie a eu principalement quatre partis politiques :

Nersès Durman-Arabyan
    • Le parti Social-Démocrate Hentchakian fondé en 1887 à Genève avec à sa tête Nazarbek (Avedis Nazarbekian).
    • La Fédération Révolutionnaire Arménienne dite Dachnaktsoutioun, fondée en 1890 par Christapor Mikaelian, Simon Zavarian et Stépan Zprian, dit Rostom et constitué en parti politique structuré et organisé, s’appuyant sur une plate-forme politique, en 1892, à Tiflis (Tbilissi).
    • Le Parti Démocrate Ramgavar est issu du Parti Constitutionnel Démocrate créé en 1908, à Constantinople qui donnera, en 1921, le parti Démocrate Libéral, en arménien Ramgavar Azadagan.
    • Le Parti Communiste Arménien. Créé après l’éclatement du SEYM (Union de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie et de la Géorgie) à Erevan en janvier 1920 par Gassian, Mrabian et Alaverdian.

Il est intéressant de noter que la majorité des partis politiques arméniens ont été créés hors d’Arménie.

Les partis politiques assument leur rôle dans l’optique de servir la nation. L’Arménie historique mutilée déclare sa première indépendance le 28 mai 1918. Son territoire exigu représente à peine 10.000 km² de superficie. Sa population de 800.000 âmes est constituée pour moitié des rescapés du génocide de 1915 perpétré dans l’Empire ottoman. À 7 km d’Erevan, les canons turcs étaient bien visibles de la capitale arménienne (voir Hayastani Hanrabedoutyoun – La République d’Arménie – de Simon Vratzian 1928).

De par son existence,l’Arménie était comme une épine plantée dans le pied des Turcs. Le Caucase a de tous temps été convoité par les grandes puissances régionales comme la Russie mais également par les Occidentaux particulièrement par le Royaume-Uni. Sa situation géopolitique permettait à la Turquie d’être soutenue toutautant par la Russie soviétique que par l’Occident.

Le 29 novembre 1920, l’Arménie adhère à l’Union soviétique. Pendant 70 ans, la plus petite des quinze Républiques formant l’URSS a vécu des périodes glorieuses et douloureuses. À cette époque, l’Arménie s’étendait sur 29.000 Km², un territoire sur lequel vivaient 3,5 millions d’habitants. Lors de la 2ème Guerre mondiale, le pays avait perdu plus de 300.000 de ses fils, soldats et officiers, tombés dans les rangs de l’Armée rouge. Les Arméniens de la Diaspora s’étaient engagés dans les armées des différents pays où ils avaient émigré. De jeunes Arméniens firent partie de la Résistance française dans laquelle se distingua Missak Manouchian.

Après la 2èmeGuerre mondiale, le régime soviétique commence à s’ébranler. Le tremblement de terre du 7 décembre 1988 a secoué profondément l’Arménie en causant de nombreux dégâts et en provoquant des milliers de morts. Suite à l’effondrement de l’Union soviétique, l’Arménie a déclaré son indépendance le 21 septembre 1991. Elle fait désormais partie de l’ONU.

L’Arménie est devenue un État souverain qui a établi des relations diplomatiques avec la plupart des autres pays du monde. Il n’y a que la Turquie et l’Azerbaïdjan qui refusent d’entretenir des relations avec elle et maintiennent un blocus économique à ses frontières empêchant  toute circulation des biens et des personnes.

L’Arménie se développe. La volonté du peuple peut créer une Arménie forte et prospère. Tcharentz ne disait-il pas : « Peuple arménien ta force est dans ton unité. »

La Diaspora ne doit pas devenir le poumon de l’Arménie, sinon l’Arménie suffoquera. L’assaut contre l’Assemblée Nationale arménienne en 1999 avec ses morts dont le Premier Ministre d’alors et le Président de l’Assemblée ainsi que le décès « énigmatique » de Sergheï Badalyan le premier secrétaire du Parti Communiste Arménie ne sont pas élucidés d’une manière claire jusqu’à ce jour. C’est l’unité de la nation et la vigilance accrue des autorités qui peuvent déjouer les complots ourdis contre l’Arménie.

Que des partis politiques ou des gouvernements élisent domicile hors des frontières de leur pays et continuent à partir de leur exil d’exercer une autorité politique est compréhensible, lorsque les pays dont ils sont issus sont sous occupation étrangère. Ce fut le cas de la Pologne, de la Belgique, des Pays-Bas, du Grand-Duché du Luxembourg et de la Norvège notamment dont les gouvernements légitimes et les plus hautes autorités de l’État choisirent de s’exiler à Londres lors de la 2ème Guerre mondiale quand l’Allemagne nazie avait conquis toute l’Europe.

Pendant la guerre d’Algérie, le FLN installa un gouvernement provisoire algérien au Caire en 1958.

La guerre finie ou les pays envahis ayant recouvré leur indépendance tous les gouvernements provisoires établis à l’étranger ont réintégré leur patrie.

Dans un État démocratique, l’attitude incorruptible de ses autorités assurera un élan plus rapide du pays. Il est bien évident qu’un pays sous la coupe d’une oligarchie avec un système dictatorial va connaître de grandes difficultés à accéder à un régime démocratique. La tâche de former les masses pour leur permettre d’atteindre un niveau équivalent à celui des pays les plus avancés incombe aussi aux partis politiques. Avec un travail en profondeur et une persévérante détermination c’est la grande majorité de la population que l’on peut éduquer. L’équipe au pouvoir doit donner l’exemple, si elle croit sincèrement au redressement et à la réussite du pays.

Tous les partis politiques arméniens de la Diaspora doivent se rapatrier en Arménie (État souverain) où ils exerceront  leur rôle de parti au service de la nation arménienne.

En ce qui concerne les Arméniens de la Diaspora, ils sont les citoyens du pays où ils sont nés. Ils peuvent accéder à des niveaux élevés dans ces pays et selon leur sensibilité ils peuvent adhérer aux diverses formations politiques dont ils se sentent les plus proches. Dans les États démocratiques, le choix d’un parti ou d’un courant politique est suffisamment large pour répondre à toutes les aspirations.

En tenant compte de tout ce qui précède, il apparaît que l’existence de partis politiques arméniens en dehors de l’Arménie est inopportune.

Antony – Juillet 2007
Nersès DURMAN – ARABYAN

(*) Après l’indépendance, si les partis politiques arméniens siègent dans le pays, ils n’ont aucun droit et ne peuvent prétendre représenter la nation arménienne dans la diaspora. Par contre, les Arméniens de la diaspora, considérés comme des citoyens de ce pays doivent s’intégrer dans les institutions politiques, syndicales, sportives associatives françaises pour accomplir leur devoir de citoyen et servir les intérêts de la nation. C’est dans ces conditions-là que les Arméniens, épris de liberté et de droit, peuvent apporter une contribution réelle à la cause arménienne.